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Guerre du Liban: anniversaire sous tension

Le camp de Nahr el-Bared désormais sous contrôle de l'armée
Après la guerre au sud, l'armée combat au nord, à Nahr al-Bared
Un an après la guerre menée par Israël contre le Hezbollah au Liban, la tension reste forte à la frontière, tandis que l'armée libanaise s'apprête à lancer l'assaut contre les derniers islamistes du Fatah al-Islam retranchés à Nahr al-Bared (nord).

Depuis la trêve du 14 août 2006, la paix se maintient à la
frontière avec Israël. Les combattants chiites, même s'ils ont
refusé de désarmer, y ont cédé la place à l'armée libanaise épaulée
par 13'000 Casques bleus de l'ONU.

Calme trompeur

Mais pour beaucoup, cet apparent retour à la normale est
trompeur. Si les combattants du Hezbollah et leurs bannières jaunes
ne sont plus visibles, ils restent bien présents dans le sud du
Liban.



Les informations insistantes de hauts responsables israéliens sur
le réarmement du Hezbollah par la Syrie, relayées par des
spéculations alarmistes des médias de l'Etat hébreu sur
l'éventualité d'un conflit armé cet été avec la Syrie contribuent à
alimenter la tension.



Le général israélien Amos Gilaad, conseiller auprès du ministre de
la Défense, Ehud Barak, a écarté la possibilité "d'une guerre dont
la Syrie prendrait l'initiative", mais il a confirmé que l'armée
syrienne avait renforcé ses capacités militaires en acquérant de
nouveaux armements et recommandé qu'Israël soit "prêt à toute
éventualité".

Crise politique et insécurité

En outre, le Liban a sombré à l'automne 2006 dans une crise
politique sans précédent depuis la guerre civile (1975-1990). Et
parallèlement à la paralysie des institutions, de nouvelles
violences ont secoué le pays. En un mois et demi de bombardements,
l'armée n'est toujours pas venue à bout des islamistes du Fatah
al-Islam, un groupuscule salafiste composé de diverses nationalités
arabes retranchés depuis le 20 mai dans le camp palestinien de Nahr
al Bared, dans le nord du pays (voir
ci-contre)
.



En outre, après deux assassinats de personnalités appartenant à la
majorité anti-syrienne (le ministre chrétien Pierre Gemayel en 2006
et député Walid Eido le 13 juin), un attentat le 24 juin a tué six
soldats du contingent espagnol de la Force intérimaire des Nations
unies. Le Hezbollah a condamné l'attentat et le gouvernement
libanais a évoqué la piste d'Al-Qaïda, qui serait présent à Nahr
al-Bared.



Dans ce contexte de violence chronique, le conflit entre la
majorité anti-syrienne, soutenue par les Occidentaux et l'Arabie
saoudite, et l'opposition, alliée de la Syrie et de l'Iran, menace
de s'envenimer à l'approche de l'élection présidentielle prévue fin
septembre.

Economie en berne

Les conséquences économiques sont énormes: l'insécurité a fait
fuir touristes et investisseurs, alors que le pays avait déjà payé
un lourd tribut à la guerre de 2006 (voir
ci-contre)
. L'économie a connu en 2006 une croissance
négative de 5%. Le secteur des services, qui représente 70% du PIB,
est en panne sèche, alors que le pays ploie déjà sous une dette
publique de 41 milliards de dollars.



En outre, le projet de tribunal international chargé de juger les
assassins de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri tué à Beyrouth
en 2005, au coeur de la crise qui avait éclaté en novembre avec la
démission des ministres chiites, divise plus que jamais majorité et
opposition.



afp/cab

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Bilan et reconstruction

La guerre menée par Israël contre le Hezbollah au Liban a coûté la vie à 163 Israéliens (119 militaires et 44 civils) et à plus de 1200 Libanais, pour la plupart des civils.

Environ un million de bombes à sous-munitions déversées par l'armée israélienne n'ont pas explosé au moment de l'impact. 122'000 ont été récupérées, mais ce fléau a fait 28 morts et 177 blessés depuis la fin de la guerre.

Du côté de la reconstruction, les promesses d'aide internationale ont atteint, lors d'une conférence organisée en janvier à Paris, 7,6 milliards de dollars.

La remise sur pied des plus de 100'000 logements détruits ou endommagés suit son cours (232 millions de dollars débloqués par le gouvernement et 150 millions par le Hezbollah dès septembre 2006).

Selon des chiffres du gouvernement, sur 91 ponts détruits - le Liban en compte 150 - 51 ont été reconstruits. Dans la distribution d'eau, 80% des réservoirs et 100% des pompes et des puits ont été réparés. En outre, 92% des 862 écoles entièrement ou partiellement détruites ont été reconstruites ou réparées.

Combats à Nahr al-Bared

L'armée libanaise pilonnait jeudi le camp palestinien de Nahr al-Bared, dans le nord du Liban. Six soldats ont été tués. L'assaut contre les derniers combattants islamistes du Fatah al-Islam qui y sont retranchés depuis le 20 mai devrait être donné.

Ces bombardements interviennent au lendemain de l'évacuation d'une vingtaine de femmes ainsi qu'environ 140 militants de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) du camp de réfugiés palestiniens.

Avant ce départ, il ne restait plus dans le camp que quelques centaines de personnes, dont les combattants du Fatah al-Islam, estimés à 80 et leurs familles. Le camp abritait initialement 31'000 réfugiés palestiniens.