Au cours de la conférence de presse finale, les visages fermés
des secrétaires d'Etat et à la Défense, Condoleezza Rice et Robert
Gates, et de leurs homologues russes, Sergueï Lavrov et Anatoly
Serdioukov, en disaient long sur l'incapacité des deux anciens
ennemis à l'époque de la Guerre froide à trouver un accord après
des négociations à Moscou. Les deux parties ont néanmoins convenu
de se retrouver dans six mois aux Etats-Unis pour poursuivre leurs
discussions.
Dialogue de sourds
La Russie et les Etats-Unis sont engagés depuis des mois dans un
bras de fer sur la question épineuse du déploiement en Europe
centrale d'un bouclier antimissile censé protéger les Occidentaux
d'une menace iranienne. Moscou, qui considère ces possibles
installations comme une menace à sa porte, a proposé en juillet de
mettre à la disposition des Américains sa station radar de Gabala,
en Azerbaïdjan, voisin de l'Iran.
«Nous ne sommes pas parvenus à un accord», a résumé le chef de la
diplomatie russe avant de demander à son homologue «que le plan de
déploiement (du bouclier antimissile) en Europe soit gelé».
Condoleezza Rice lui a rétorqué que les Etats-Unis allaient
poursuivre leurs «discussions» avec leurs «alliés» polonais et
tchèques, rejetant ainsi son appel à geler l'initiative
américaine.
«Les Etats-Unis sont engagés dans des discussions. Les
négociations avec nos alliés vont continuer», a-t-elle déclaré.
Elle a reconnu que les vues de Moscou et Washington continuaient à
diverger sur la «menace des missiles», dans une allusion à
l'Iran.
Menace de neutralisation
De son côté, le secrétaire américain à la Défense s'est montré
rassurant, insistant sur le fait que «le système de défense
antimissile proposé (...) n'est pas dirigé contre la Russie» sans
toutefois convaincre M. Lavrov. Ce dernier a averti que si les
Etats-Unis déployaient leur radar en République tchèque et leurs
intercepteurs en Pologne, «comme l'a dit notre président (Vladimir
Poutine), nous aurons à prendre des mesures pour neutraliser cette
menace».
Robert Gates s'est fait conciliant en assurant que le radar de
Gabala «pourrait jouer un rôle très utile dans le système»
antimissile américain. Washington n'avait pas jusque là réagi
ouvertement à la proposition russe.
afp/kot
Rencontre tendue avec Vladimir Poutine
Dans la matinée, Condoleezza Rice et Robert Gates, fins connaisseurs de l'Union soviétique vu leur passé respectif d'universitaire et d'ancien directeur de la CIA, avaient rencontré Vladimir Poutine.
Le président russe les a cueillis à froid, annonçant d'emblée que la Russie menaçait de sortir du traité sur les Forces nucléaires intermédiaires (FNI), un accord nucléaire majeur hérité de la Guerre froide.
Signé en 1987 entre Américains et Soviétiques, le traité, d'une durée illimitée, prévoit l'élimination et l'interdiction permanente d'une classe entière de missiles balistiques américains et soviétiques de 500 à 5500 km de portée.
Outre le traité sur les FNI mentionné par Vladimir Poutine et le traité sur les Forces conventionnelles en Europe (FCE), le traité Start sur la réduction du nombre des armes stratégiques, qui arrive à expiration en décembre 2009, est également menacé.