Le projet de résolution sur l'avenir du Kosovo qui avait été
présenté au Conseil de sécurité des Nations unies par les
Etats-Unis et l'Union européenne ne sera pas soumis au vote. Cette
décision d'abandonner le texte a été prise vendredi par ses
auteurs, qui craignaient un veto de Moscou. Celle-ci, alliée de
Belgrade, refuse toute solution impliquant l'indépendance de la
province serbe.
Les discussions sur le futur statut du Kosovo auront désormais
lieu dans un autre forum: celui du Groupe de contact, qui réunit
des diplomates américains, britanniques, français, allemands,
italiens et russes, ainsi que des représentants des parties
affectées, à savoir la majorité albanaise du Kosovo et sa minorité
serbe. Selon un diplomate russe, une réunion du Groupe de contact
est prévue le 25 juillet à Vienne.
La décision devient urgente
Plusieurs versions du projet de résolution avaient déjà été
rejetées par la Russie. Les partisans de la plus récente version,
où Moscou voyait une promesse d'indépendance masquée, ont diffusé
un communiqué après une réunion du Conseil vendredi pour souligner
qu'il était urgent de décider du statut du Kosovo.
"Il faut donner au peuple du Kosovo la possibilité de réaliser son
développement politique et économique", pouvait on lire dans le
communiqué. "Une résolution opportune du statut du Kosovo permettra
également à la Serbie de dépasser les conflits des années 1990" et
de se diriger vers un avenir meilleur.
Indépendance unilatérale?
Plusieurs partisans du texte craignaient qu'un échec des
tractations à l'ONU ne mène à une déclaration unilatérale
d'indépendance de la part de la majorité albanaise du Kosovo, ce
qu'a encore sembler prévoir le Premier ministre kosovar Agim Ceku
vendredi.
Constatant la fin des discussions à l'ONU, Agim Ceku a lancé la
date du 28 novembre comme celle d'une possible déclaration
d'indépendance par le parlement provincial -tout en rappelant qu'il
ne s'agirait "aucunement d'une action unilatérale"
Dialogue difficile
Le Conseil de sécurité discutait depuis le début de la semaine
d'un projet de résolution. La dernière mouture du texte invitait
les Serbes et les séparatistes albanais à engager d'ultimes
négociations pendant 120 jours sur le futur statut du Kosovo "pour
déterminer si un terrain d'entente peut être trouvé". Ces
négociations devaient se tenir sous l'égide du Groupe de contact
sur le Kosovo et de l'Union européenne.
La Serbie et son allié russe ont rejeté à plusieurs reprises le
projet de résolution discuté à l'ONU car il contenait en germe une
indépendance à terme de la province de Serbie, à majorité
albanaise, ce que refuse Belgrade.
agences/bri
Une province de la Serbie
Le Kosovo est une province du sud de la Serbie à forte majorité albanaise.
Elle se trouve sous administration provisoire de l'ONU depuis 1999 après des bombardements de l'OTAN pour faire cesser la répression des forces serbes contre la guérilla indépendantiste albanaise.
La Russie, toujours prête à la collaboration
La Russie s'est elle félicitée vendredi soir du renvoi du dossier.
«Nous considérons que l'annulation du vote de la résolution est le résultat logique de notre position active visant à créer les conditions pour prolonger les négociations afin d'obtenir un accord entre Belgrade et Pristina», a déclaré un porte parole du ministère russe des Affaires étrangères.
«Nous sommes convaincus que la résolution 1244 du Conseil de sécurité reste d'actualité. Nous confirmons que nous sommes prêts à travailler de manière constructive et active avec nos homologues du Groupe de contact pour trouver un réel règlement au problème du Kosovo», a-t-il ajouté.