A Pristina comme à Belgrade, l'Américain Frank Wisner,
l'Allemand Wolfgang Ischinger et le Russe Alexandre Botsan
Khartchenko n'ont pu que constater le fossé qui sépare les
protagonistes. Alors que les Kosovars veulent accéder dès cette
année à l'indépendance, la Serbie refuse de renoncer au Kosovo.
Une mission ambitieuse
Arrivée samedi au Kosovo après un séjour à Belgrade, la troïka a
rencontré dimanche les représentants des Serbes du Kosovo.
«A l'évidence ce n'est pas une mission très facile», a admis la
veille Wolfgang Ischninger après les entretiens avec les dirigeants
kosovars. «Je n'ai pas d'illusion et je me rends compte de la
difficulté de cette mission», a renchéri Alexandre
Botsan-Khartchenko.
Partition envisagée
Dimanche lors d'une conférence de presse, Wolfgang Ischinger a
indiqué que la troïka n'excluait pas l'éventualité d'un partage du
Kosovo entre Serbes et Kosovars s'il était accepté par les deux
parties.
Divers analystes estiment que la partition pourrait être le moyen
de sortir de l'impasse sur le statut du Kosovo plus de huit ans
après la fin du conflit de 1998-1999 entre les forces serbes et les
séparatistes albanais.
Peu de disposion au compromis
Peu disposé au compromis, le Premier ministre kosovar Agim Ceku
a réaffirmé que son objectif était de parvenir à l'indépendance dès
cette année. «Je travaille pour la reconnaissance dès cette année
de l'indépendance du Kosovo dans ses frontières actuelles», a-t-il
dit en ajoutant: «Ce n'est pas le point de départ pour une
négociation. Ce n'est pas une offre à discuter».
La troïka a entendu vendredi à Belgrade les dirigeants serbes
réaffirmer leur ferme opposition à toute forme d'indépendance du
Kosovo. Belgrade et Moscou veulent que les discussions ne soient
pas limitées dans le temps.
La commission s'est toutefois félicitée que les leaders kosovars
et serbes aient accepté de travailler avec elle.
ats/bri
Rapport le 10 décembre
A l'issue de sa mission, prévue pour durer au maximum 120 jours, la «troïka» doit présenter le 10 décembre un rapport au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.
La province est administrée depuis 1999 par l'ONU. La mission a été créée après le refus de la Russie, alliée traditionnelle de la Serbie, d'approuver au Conseil de sécurité de l'ONU un plan présenté au début de l'année par le médiateur de l'ONU Martti Ahtisaari et soutenu par les Etats-Unis et l'Union européenne (UE).
Le plan prévoit une indépendance du Kosovo contrôlée par une mission internationale. Belgrade et Moscou le considèrent sans valeur.
Risques de violence
Les dirigeants kosovars soulignent que les retards dans la définition du statut du Kosovo ne font qu'aggraver la frustration des Albanais (plus de 90 % de la population) et risquent d'engendrer de nouvelles violences.
Ils ont évoqué à diverses reprises l'éventualité d'une proclamation unilatérale d'indépendance.