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Mosquée rouge: les combats font toujours rage

Abdul Rashid Ghazi était le recteur de la Mosquée rouge
Abdul Rashid Ghazi était le recteur de la Mosquée rouge
De violents combats se poursuivaient mardi à la Mosquée rouge d'Islamabad afin d'en déloger des islamistes retranchés avec des femmes et des enfants. Des dizaines de personnes, dont le chef présumé des irréductibles Rashid Ghazi, ont été tuées à la suite de l'assaut des forces de sécurité.

«C'est une offensive finale pour nettoyer la place de ses
militants armés», a déclaré le porte-parole de l'armée, le général
de division Waheed Arshad, peu après l'assaut déclenché avant 5h00
locales (2h00 suisses). Après toute une journée de combats qui ne
semblaient pas connaître de fin proche, un nouveau bilan faisait
état de la mort de plus d'une soixantaine de militants et de huit
soldats.

Chef abattu

Un porte-parole du ministère pakistanais de l'Intérieur a
indiqué à l'AFP qu'Abdul Rashid Ghazi, 43 ans, un des responsables
de la Mosquée rouge, avait été tué au cours d'un échange de tirs
entre des militants et les forces pakistanaises.



«Il a été localisé dans le sous-sol et il lui a été demandé de
quitter les lieux. Il est sorti en compagnie de quatre à cinq
militants qui ont continué de tirer sur les forces de sécurité», a
expliqué le porte-parole, ajoutant «les troupes ont répondu et il a
été tué au cours de l'échange de tirs».

Vive résistance des rebelles

Le nombre des décès pourrait cependant s'alourdir tant les
affrontements sont intenses. «Il y a des cadavres partout», a
indiqué un homme retranché dans la mosquée et interrogé au
téléphone par l'AFP.



De violentes explosions et des échanges nourris de coups de feu
ont pu être entendus tandis que s'échappaient des panaches de fumée
noire, probablement provoqués par l'incendie d'une école coranique
de filles attenante à la mosquée. De nombreuses ambulances allaient
et venaient toutes sirènes hurlantes. Les radicaux opposent «une
vive résistance» à l'aide d'armes automatiques, de grenades et de
lance-roquettes, a concédé le général Arshad.

Otages sauvés

A la faveur d'un court répit, une cinquantaine de personnes se
sont rendues. Le porte-parole de l'armée a précisé que les forces
avaient dégagé 80% de l'édifice. «Des femmes et des enfants sont
dans les sous-sols», a-t-il indiqué sur la télévision
publique.



Une soixantaine de femmes et d'enfants sont sortis de l'édifice
mais, selon les autorités, une centaine de militants commandés par
des proches d'Al-Qaïda ont pris le contrôle de la mosquée et
retiennent trois à quatre cents étudiants, dont des femmes et des
enfants, en tant que «boucliers humains».



afp/ant

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Ghazi, le choix de la force

Abdul Rashid Ghazi, le chef présumé des islamistes de la Mosquée rouge qui a été tué mardi, était un étudiant qualifié de "normal" par ses professeurs de l'Université d'Islamabad.

Ghazi y avait obtenu une maîtrise en histoire. Il avait ensuite épousé une femme appartenant à une famille modérée et menait un mode de vie plutôt occidental. Il avait notamment travaillé pour l'UNESCO.

Mais en 1998, son père Abdullah Aziz, qui était recteur de la Mosquée rouge, est tué par balles à l'intérieur du bâtiment par un homme soupçonné d'appartenir à un mouvement islamiste rival. La personnalité de Ghazi change alors du tout au tout.

Après la mort de son père, Abdul Rashid Ghazi rejoint son frère à la tête de la Mosquée rouge. Il développe des liens avec le jihad (guerre sainte) antisoviétique en Afghanistan. Par la suite, Ghazi entretient des liens étroits avec des militants protalibans et fait compagne contre la décision de Musharraf de soutenir les USA dans leur invasion en Afghanistan.

Ghazi et son frère se sont complètement engagés dans la lutte pour faire du Pakistan un état islamiste. Les militants de la Mosquée menaient depuis six mois une intense campagne contre le vice, afin d'imposer la loi islamique (charia) dans la capitale Islamabad, livrée selon eux à la débauche.