Mercredi après-midi à Washington, la commission judiciaire de la Chambre des représentants va interroger Sundar Pichai (Alphabet, maison-mère de Google), Tim Cook (Apple), Mark Zuckerberg (Facebook) et Jeff Bezos (Amazon), qui s'exprimeront par visioconférence en raison de la pandémie de coronavirus.
Le thème du jour est indiqué en toutes lettres dans la convocation: "Examiner la domination d'Amazon, Apple, Facebook et Google" (lire encadré). Mais rien ne dit que les parlementaires s'en tiendront à l'examen des pratiques concurrentielles des GAFA.
Google et Facebook accaparent l'essentiel des recettes publicitaires numériques mondiales grâce aux données personnelles de leurs milliards d'utilisateurs. Apple et Amazon, eux, sont accusés d'être juge et partie sur leurs plateformes, l'app store pour l'un et le site de e-commerce pour l'autre.
Regards tournés particulièrement vers Facebook
A gauche comme à droite, et à moins de 100 jours des élections de novembre prochain, ils pourraient se montrer particulièrement agressifs contre Facebook, dont les élus ne peuvent se passer pour faire campagne.
"J'ai peur que l'audience ne se transforme en discussion sur la régulation des contenus, avec la gauche qui veut forcer les plateformes à lutter contre les contenus qui promeuvent la haine et la désinformation, tandis que la droite veut les forcer à les autoriser", commente Mark Lemley, professeur de droit à l'université de Stanford.
Facebook subit en ce moment un boycott publicitaire d'un millier d'annonceurs, orchestré par la société civile, qui trouve le groupe trop laxiste en termes de modération des contenus, notamment d'extrême droite. Les Républicains, Donald Trump en tête, s'estiment quant à eux censurés par les plateformes.
Les quatre patrons ont préparé le terrain
Mardi, les quatre patrons ont pris les devants en publiant leurs discours d'ouverture. Tous comptent jouer sur la fibre patriotique des élus américains. Facebook est une "entreprise fièrement américaine", qui n'aurait pas réussi sans "les lois encourageant la compétition et l'innovation", va ainsi déclarer son fondateur Mark Zuckerberg.
>> Lire : Le régulateur américain veut abolir le pouvoir absolu de Mark Zuckerberg
Les milliardaires du web mettent aussi en avant leurs investissements et leurs créations d'emplois aux Etats-Unis, ainsi que leurs parcours personnels. Ils assurent surtout favoriser la compétition et faire face à une concurrence féroce.
"Apple n'est dominant sur aucun des marchés où nous faisons des affaires", pointe Tim Cook, le patron du fabricant de l'iPhone.
afp/oang
De possibles abus de position dominante
La commission judiciaire de la Chambre des représentants enquête depuis des mois sur de possibles abus de position dominante, mais l'audition a peu de chance d'avoir des conséquences majeures.
Contrairement aux autorités européennes, les Etats-Unis se sont montrés plutôt frileux sur la question jusqu'à présent.
La loi américaine, telle qu'appliquée ces dernières années, exige, pour autoriser des mesures contre les entreprises, que leurs agissements fassent clairement du tort aux consommateurs, en conduisant à une hausse des prix par exemple.
Les échanges pourraient cependant aider les élus à déterminer s'il faut promulguer de nouvelles lois pour mieux réguler les plateformes numériques.