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Libye: les infirmières bulgares graciées

La libération des infirmières n'est pas du goût de la Libye
Les infirmières bulgares et le médecin sont détenus depuis 1999
Le plus haut tribunal libyen a décidé mardi, en dernière instance, de commuer en peine de prison à perpétuité la peine de mort infligée à cinq infirmières et à un médecin bulgares accusés d'avoir inoculé le sida à des enfants

Un peu plus tôt, les familles des 438 enfants contaminés, dont
56 sont décédés depuis lors, avaient annoncé qu'elles renonçaient à
la peine de mort. Un document signé avait été transmis à la
Fondation Kadhafi qui a mené les négociations. Les familles
attendaient de recevoir une indemnisation d'un millions de dollars
par victime pour accepter cette issue.



La Bulgarie a rapidement exprimé son soulagement: c'est "un grand
pas dans la bonne direction", mais le dossier ne sera clos qu'avec
leur rapatriement, a déclaré le chef de la diplomatie. Les
Etats-Unis se sont eux dit "rassurés" par ce dénouement, alors que
l'UE a parlé de "premier soulagement" et demandé un transfert
rapide.

Un million par victime

Les détenus pourraient purger leur peine dans leur pays
d'origine, Tripoli et Sofia étant liées par un accord d'extradition
depuis les années 1980. Le parquet général de Sofia a annoncé qu'il
formulerait dès mercredi une demande en ce sens.



"Nous avons renoncé à la peine de mort contre les infirmières,
après que toutes nos conditions ont été remplies", a déclaré mardi
en fin d'après-midi le porte-parole des familles. Toutes les
familles ont reçu les dédommagements", a précisé le porte-parole.
Chaque victime a eu droit à un million de dollars.

L'influente famille Kadhafi

La Fondation Kadhafi, présidée par le fils du dirigeant libyen
Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam, a mené les négociations avec les
familles. Elle a précisé que l'argent provenait du Fonds spécial
d'aide de Benghazi, créé en 2005 par Tripoli et Sofia, sous l'égide
de l'Union européenne.



Régulièrement présenté comme le successeur de son père, cet homme
d'influence qui n'occupe pas de fonction officielle et se défend de
toute ambition politique, se veut avant tout ambassadeur de
l'humanitaire aussi bien en Libye que dans le monde, à travers
l'association caritative qu'il a créée en 1997



agences/boi

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Une très longue affaire

Février 1999: Tripoli annonce la détention de 5 infirmières bulgares et d'un médecin palestinien (qui obtiendra la nationalité bulgare en juin 2007), tous employés à l'hôpital de Benghazi. Le procès s'ouvre peu après.

Juin 2000: Sofia annonce que les infirmières se sont plaintes d'avoir été torturées pendant l'enquête.

Juin 2001: La peine de mort est requise contre les six accusés, qui ont plaidé non coupables.

Mai 2004: Les infirmières et le médecin sont condamnés à mort et font appel.

Décembre 2004: Sofia rejette une proposition de Tripoli de classer l'affaire contre paiement de dix millions d'euros par patient infecté.

Juin 2005: Les dix officiers libyens accusés de torture pour extorquer des aveux sont acquittés.

Décembre 2005: Accord Tripoli-Sofia pour la création d'un fonds de compensation international au bénéfice des enfants libyens atteints du sida. Peu après, la Cour suprême accepte le recours des six accusés et ordonne un nouveau procès.

Juilllet 2007: La Cour suprême confirme les peines de mort. Puis les familles des victimes acceptent un dédommagement et le Conseil supérieur des instances judiciaires libyennes commue en prison à vie les peines de mort.