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Irak: le bras de fer continue à Washington

Le retrait des troupes US au coeur des discussions politiques
Le retrait des troupes US au coeur des discussions politiques
La Chambre des représentants américaine a voté une loi qui exige que les troupes de combat américaines soient retirées d'Irak au plus tard le 1er avril 2008, défiant une nouvelle fois le président Bush, opposé à toute échéance.

Après que l'administration Bush a reconnu jeudi que l'Irak était
loin d'avoir réalisé les progrès militaires et politiques requis
pour l'instauration d'une société démocratique, la Chambre des
représentants a voté un texte qui exige un début de retrait des
troupes américaines d'Irak dans les 120 jours. La mesure a été
votée par 223 voix contre 201, malgré la menace de veto brandie par
le président George W. Bush, qui a écarté tout changement de
politique en Irak avant le mois de septembre.

Un rapport très critique

La situation économique reste "inégale" et la réconciliation
politique tarde, freinée par "le fait que les responsables
politiques doutent de plus en plus de l'implication à long terme
des Etats-Unis en Irak", pouvait-on lire dans le rapport d'étape
publié jeudi par le gouvernement américain.



Pour les auteurs du rapport d'étape, qui tirent un premier bilan
du renforcement de troupes décidé par George W.Bush l'hiver
dernier, en attendant l'évaluation que doit remettre en septembre
le général David Petraeus, commandant des forces américaines en
Irak, les résultats sont inégaux.



Mais le gouvernement irakien n'est pas seul responsable de l'état
des choses, estiment-ils. La Syrie contribuerait à fournir jusqu'à
50 à 80 kamikazes par mois à Al-Qaïda en Irak et l'Iran
continuerait de financer des mouvements extrémistes.

Le Congrès ne suit pas l'avis de Bush

"Je pense que nous devrions gagner en Irak. Je sais que nous le
devons", a martelé le président Bush lors d'une conférence de
presse à la Maison Blanche. A destination de ses détracteurs -dont
un nombre croissant de républicains-, le président américain a
déclaré sèchement: "Je ne crois pas que le Congrès doive se mêler
de la guerre. Je crois qu'il doit financer les troupes." Mais les
démocrates n'ont pas été de cet avis lors du vote à la Chambre des
représentants.



Quelques heures après les déclarations de George W.Bush, les
responsables démocrates ont soumis au vote un texte qui exige que
le retrait des troupes américaines d'Irak commence dans les 120
jours et s'achève avant le 1er avril 2008. Le projet de loi
envisage le maintien d'une force résiduelle pour entraîner les
Irakiens, protéger les intérêts américains et combattre Al-Qaïda et
les autres groupes terroristes.

Les Républicains soutiennent encore Bush

A quelques voix près, le vote a reflété le clivage partisan: 219
démocrates et quatre républicains se sont exprimés pour le texte,
tandis que 191 républicains et 10 démocrates s'y sont opposés. A
ceux -George W.Bush et d'autres- qui réclament davantage de temps
pour constater l'efficacité supposée de la politique américaine en
Irak, la démocrate Nancy Pelosi a rétorqué: "Nous avons déjà
attendu trop longtemps."



Les républicains ont, cette fois encore, soutenu Bush, mais
peut-être pas pour longtemps. Le texte "fragilise le général
Petraeus, sape sa mission qui consiste à rendre sûrs l'Amérique et
l'Irak", a déclaré le chef des représentants républicains, John
Boehner. "Ce que nous propose ce texte, ce n'est pas un
commandement, c'est de la négligence".



Le rapport de 25 pages publié par l'administration américaine
ponctue la cinquième année d'une guerre qui a coûté la vie à plus
de 3600 soldats américains et coûte aux contribuables américains
quelque 10 milliards de dollars (7,25 milliards d'euros) par
mois.



afp/ap/bri

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Prime pour ben Laden doublée

Le Sénat américain a décidé vendredi de doubler la prime offerte pour toute information conduisant à la capture d'Oussama ben Laden, sur fond de craintes renouvelées que le chef d'Al-Qaïda puisse de nouveau frapper. La prime a été portée à 50 millions de dollars.

Six ans après le début de la "guerre mondiale contre le terrorisme" décrétée au lendemain des attentats du 11-Septembre, Al-Qaïda est plus forte que jamais, selon un rapport des renseignements américains intitulé "Al-Qaïda en meilleure position pour frapper l'Occident".

Si les experts estiment qu'Oussama ben Laden est retranché dans la zone tribale contrôlée par les talibans le long de la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan, Al-Qaïda, dont il est le numéro Un, a créé des filiales fonctionnant de manière quasi-autonome à travers le monde.

Jeudi, George W.Bush a réagi par la défensive à la couverture médiatique du rapport des renseignements américains dans lequel il est écrit qu'Al-Qaïda est aussi puissante aujourd'hui qu'avant le 11-Septembre.

La secrétaire d'Etat Condoleezza Rice a admis jeudi soir sur Fox News que "pendant un moment" Al-Qaïda s'était renforcée dans les zones tribales. "Mais", a-t-elle aussitôt ajouté, "je ne pense pas que quiconque peut prétendre que Al-Qaïda est une organisation aussi efficace qu'elle ne l'était avant le 11-Septembre".

Le chef de la majorité démocrate au Sénat a lui déclaré: "Alors qu'on laisse Oussama ben Laden opérer librement le long de la frontière afghano-pakistanaise, le président veut concentrer nos troupes dans une guerre civile en Irak".

Le président Bush est accusé d'avoir détourné les ressources américaines pour la lutte contre le terrorisme, en décidant d'envahir l'Irak en mars 2003, radicalisant au passage bon nombre de musulmans en Europe et au Moyen-Orient. Des groupes terroristes en Algérie, en Somalie ou encore aux Philippines se sont rebaptisées "filiales d'Al-Qaïda", tirant profit de ce que John Kringen, le directeur des renseignements à la CIA, appelle "la marque de fabrique" du terrorisme mondial.