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Inde et Pakistan fêtent 60 ans d'indépendance

Un petit garçon se prépare aux festivités dans son école en Inde
Un petit garçon se prépare aux festivités dans son école en Inde
Le Pakistan et l'Inde fêtent, respectivement le 14 et 15 août, le 60e anniversaire de leur indépendance. L'Inde était mardi sous très haute sécurité après des menaces ces derniers jours attribuées au réseau terroriste Al-Qaïda.

Après s'être violemment affrontés pendant des années, l'Inde et
le Pakistan, toutes deux puissances nucléaires, s'attachent
aujourd'hui à normaliser leurs relations et sont davantage
accaparés par leurs propres problèmes et aspirations.

Près d'un million de morts

Après 200 ans de domination britannique, la création du Pakistan
à majorité musulmane et de l'Inde à majorité hindoue s'était faite
dans le sang, le déplacement de dix millions de personnes
s'accompagnant de violences qui firent entre 200'000 et plus d'un
million de morts. Mais 60 ans et trois guerres plus tard, le climat
s'est apaisé entre les deux frères ennemis.



Pour l'Inde, le défi est aujourd'hui le partage des fruits d'une
croissance exponentielle. Car dans sa course à la puissance
économique, elle a laissé de côté nombre de ses 1,1 milliard
d'habitants: elle abrite un tiers des habitants les plus pauvres de
la planète qui vivent avec moins d'un dollar (73 centimes d'euros)
par jour.



"Je ne pense pas que mes fils perçoivent le Pakistan comme le
faisaient des gens comme moi", dit Devraj Kumar, 61 ans, qui a
combattu les troupes pakistanaises il y a 40 ans au Cachemire, la
région himalayenne que se disputent les deux pays. Après la
Partition, sa famille s'est installée à New Delhi, où il a vécu le
rêve indien de sa génération: l'armée, le lycée puis un poste de
fonctionnaire "pas très bien payé, mais toujours payé".

L'argent en ligne de mire

Les générations suivantes ont voulu davantage que la sécurité
économique. Les fils de Devraj Kumar "sont obnubilés par leurs
affaires, le reste du monde. L'un d'eux vit en Amérique. Ils
veulent tous de l'argent", explique-t-il dans l'appartement
climatisé de son aîné à Gurgaon, un faubourg de New Delhi qui
semble en perpétuelle expansion, avec ses centres commerciaux et
ses grandes tours de verre.



On y voit aussi l'autre visage de l'Inde, comme ces ouvriers venus
essentiellement de l'est et du sud du pays. "On construit des
grandes maisons et on vit dans des taudis", résume Mohinder, qui
transporte des briques sur un chantier boueux. Marié et père de
trois enfants, il gagne 3000 roupies par mois (55 euros).

Corruption au Pakistan

Les institutions démocratiques héritées des Britanniques ont
moins bien résisté au Pakistan, où la corruption des gouvernements
civils puis le pouvoir militaire ont lassé de la politique nombre
de Pakistanais.



Le deuxième pays musulman le plus peuplé du monde, avec 160
millions d'habitants, est également confronté à l'intégrisme,
surtout depuis la chute du régime fondamentaliste des talibans dans
l'Afghanistan voisin et le soutien d'Islamabad à la guerre menée
par Washington.



Dernier symbole en date de la crise identitaire que traverse le
pays: le siège de la Mosquée rouge radicale d'Islamabad en juillet.
L'assaut donné après dix jours par les troupes pakistanaises s'est
soldé par 102 morts. Les jours suivants, les militants islamistes
multipliaient les représailles, et deux attentats-suicide ont fait
29 morts dans la capitale pakistanaise.

Musharraf critiqué

"C'est un conflit entre des extrémistes et le gouvernement et
nous, les gens ordinaires, on en fait les frais", dit Mohammed
Imran Ghauri, 29 ans. Treize personnes sont mortes dans
l'attentat-suicide qui a frappé son restaurant le 27 juillet
dernier.



Pourtant beaucoup apprécient la campagne menée par les islamistes
de la Mosquée rouge pour imposer la charia, la loi islamique, à
Islamabad. Et le président Pervez Musharraf est de plus en plus
critiqué. Le général, arrivé au pouvoir en 1999 par un putsch,
s'est engagé sur la voie de la paix avec l'Inde mais n'a toujours
pas restauré la démocratie.

Processus «irréversible»

Ces dernières années, un attentat terroriste aurait
immédiatement été imputé à l'Inde. Mais le processus de paix entamé
en 2004 a contribué à apaiser les tensions. Les frères ennemis ont
disputé des matches de cricket, rouvert les postes-frontière, et
une starlette pakistanaise a même tenu le haut de l'affiche d'un
film de Bollywood.



Un processus décrété "irréversible" par Pervez Musharraf et le
Premier ministre indien Manmohan Singh. L'ironie veut que le
premier soit né à New Delhi et le second dans ce qui est
aujourd'hui le Pakistan.



ap/ats/tac

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L'Inde en état d'alerte

Le Premier ministre indien Manmohan Singh doit lancer mercredi les célébrations du 60e anniversaire de l'indépendance du haut des remparts du célèbre Fort rouge moghol du 16e siècle à New Delhi, déjà fermé au public.

Les autorités indiennes ont déployé dans tout le pays des dizaines de milliers de policiers et militaires. Ces mesures font suite à des menaces attribuées à Al-Qaïda et à des séparatistes du Cachemire.

Rien que dans la capitale fédérale New Delhi, 70'000 gardiens de la paix et paramilitaires patrouillent autour des bâtiments officiels et des quartiers diplomatiques et surveillent les principaux carrefours de la mégalopole.

Chaque année, lors de l'anniversaire de l'indépendance, le 15 août, les autorités font part de menaces terroristes et placent le pays sous haute sécurité.

Dans une vidéo mise en ligne le 5 août, où Al-Qaïda, par la voix d'un Américain converti à l'islam, menaçait d'attaquer partout dans le monde les ambassades occidentales, New Delhi était spécifiquement visée.

L'Inde était accusée dans cet enregistrement «d'avoir tué plus de 100'000 musulmans au Cachemire, avec la bénédiction des Etats-Unis».

Echange de prisonniers

L'Inde a annoncé lundi qu'elle allait libérer 72 prisonniers pakistanais, en majorité des pêcheurs, pour marquer le 60e anniversaire mardi de l'indépendance du Pakistan. Islamabad avait libéré dimanche cent pêcheurs indiens, en signe de bonne volonté.

Les deux frères ennemis procèdent très régulièrement à des arrestations de marins qui entrent illégalement dans leurs eaux territoriales respectives. D'après New Delhi, 296 pêcheurs indiens sont toujours détenus dans des prisons pakistanaises et 121 autres Indiens sont détenus pour entrée illégale au Pakistan, par voie terrestre. En face, l'Inde retient 155 Pakistanais.