Pakistan: attentat près de la Mosquée rouge
Le kamikaze a fait exploser la bombe qu'il avait collée sur son
torse au beau milieu d'un contingent de policiers se reposant à
proximité de l'un des marchés les plus fréquentés au coeur de la
capitale, après des heurts devant la Mosquée Rouge toute
proche.
Musharraf visé
«Nous avions pris toutes les mesures de précaution possible,
mais malgré tout, cet incident s'est produit. On ne peut exclure
que ce genre d'attentat se reproduise», a commenté Khalid Pervez,
le plus haut responsable de la ville.
De nombreux attentats perpétrés par des activistes islamistes ont
ensanglanté le Pakistan depuis l'opération militaire lancée au
début du mois pour reprendre le contrôle de la Mosquée rouge (Lal
Masjid) à un mouvement intégriste qui l'occupait. Plus de 180
personnes ont été tuées, pour la plupart des policiers et des
soldats, dans des actions qui ont pour but de déstabiliser le
président Pervez Musharraf.
Sept policiers tués
Dans l'attentat de vendredi, sept policiers au moins ont été
tués, a indiqué le ministre de l'Intérieur, Kamal Shah. «Les
policiers étaient la cible de l'attentat», a-t-il estimé, ajoutant
qu'il s'agissait probablement d'un acte de représailles après
l'assaut du Lal Masjid.
Un peu plus tôt, des policiers pakistanais avaient eu recours aux
gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants islamistes qui
perturbaient la reprise des activités à la Mosquée rouge. Les
forces de sécurité ont pris le Lal Masjid le 10 juillet après un
siège d'une semaine qui a fait une centaine de morts, selon le
gouvernement.
Maulana Abdul Aziz, l'imam de la mosquée, avait été arrêté alors
qu'il tentait de fuir déguisé en femme. Mais son frère, Abdul
Rashid Ghazi, avait trouvé la mort. Après l'assaut, les autorités
ont fermé le complexe dont les murs étaient criblés d'impacts de
balles et noircis par des explosions.
Espoir vain
«Musharraf est un assassin» «Musharraf est un assassin», ont scandé les centaines de manifestants qui ont occupé la mosquée vendredi et assuré eux-mêmes les prières, récusant les imams nommés par le gouvernement pour le faire.
Le «sang» versé d'Abdul Rashid Ghazi «provoquera une révolution islamique» au Pakistan, ont-ils affirmé. Les militants on commencé à repeindre en rouge les murs de la mosquée, redécorés couleur pêche par les autorités.
L'édifice, devenu depuis des années un sanctuaire pour des étudiants fondamentalistes pro-talibans, a été finalement évacué après l'attentat. Kamal Shah a assuré qu'il resterait fermé jusqu'à ce que la sécurité des lieux soit assurée.
La Mosquée rouge a été rénovée avant de rouvrir officiellement jeudi. Cette réouverture devait permettre, espérait le gouvernement, d'apaiser la colère des fidèles.