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Irak: des camions piégés sèment la désolation

Des secours évacuent des victimes sur les lieux du drame
Des secours évacuent des victimes sur les lieux du drame
Au moins 250 personnes ont été tuées dans le nord de l'Irak dans 4 attentats au camion piégé visant une minorité religieuse. Ces attaques sont les plus meurtrières depuis le renversement de Saddam Hussein il y a 4 ans.

Le ministre kurde de la Santé a affirmé mercredi qu'au moins 250
personnes ont été tuées dans les attentats-suicide commis la veille
dans deux villages habités par la communauté pré-islamique yézidie,
d'après un nouveau bilan revu à la hausse.



Il a en outre annoncé qu'au moins 250 morts et 350 blessés ont été
retrouvés sur place, où les secours s'affairent à sortir les
victimes des décombres. Il s'agit du bilan le plus lourd jamais
enregistré après un attentat en Irak.

Le bilan pourrait encore s'alourdir avec de possibles victimes
sous les décombres, selon le maire de cette ville située à 110
kilomètres à l'ouest de Mossoul, le chef-lieu de la province. Une
septantaine de maisons auraient été détruites, selon certaines
sources. La police a imposé un couvre-feu à Sinjar et dans les
environs de Tal Afar (80 km à l'ouest de Mossoul).



Selon des responsables locaux et militaires irakiens, quatre
camions piégés ont explosé dans les villages d'Al-Khataniyah et
d'Al-Adnaniyah, essentiellement peuplés de Yézidis. De son côté,
l'armée américaine a fait état mercredi de 60 morts et de cinq
camions piégés dans la série d'attentats.

Washington condamne

L'ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, Ryan Crocker et le
commandant des forces américaines en Irak, le général David
Petraeus, ont condamné mercredi ces attentats qualifiés de
"barbares" tout en se disant déterminés à poursuivre leur mission.
"Cette violence cruelle ne fait que renforcer notre détermination à
poursuivre notre mission contre les terroristes qui infestent
l'Irak", ajoutent-ils.



De son côté, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki,
confronté à une grave crise politique en raison des dissensions
entre partis sunnites et chiites, a dénoncé ce "crime ignoble" et
ordonné une enquête. "Ce crime ne nous empêchera pas de faire face
aux défis et de poursuivre le processus politique", a-t-il déclaré
dans un communiqué.

Guerre « génocidaire »

Le président irakien Jalal Talabani, un Kurde, a estimé que les
Yézidis kurdes étaient victimes d'une "guerre génocidaire lancée
par les terroristes et les Takfiris (extrémistes) contre la
population irakienne".



L'Irak est confronté à un regain de violences
interconfessionnelles en dépit du déploiement de 155'000 soldats
américains. 85'000 d'entre eux sont postés à Bagdad, ce qui a eu
pour effet de déplacer les extrémistes qui commettent des attentats
dans des régions plus isolées.



afp/nr

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Les Yézidis, une minorité kurde

La communauté yézidie, dont le nombre est estimé à 500'000 personnes, est une minorité kurde installée dans le nord de l'Irak. Elle dispose de trois députés sur les 275 sièges du Parlement irakien.

Les Yézidis croient en un Dieu créateur du monde et respectent les prophètes de la Bible et du Coran, en particulier Abraham, mais ils vénèrent principalement Malak Taus, qui dirige les archanges et est souvent représenté par un paon.

Chrétiens et musulmans identifient Malak Taus à Lucifer, ce qui a provoqué la croyance populaire selon laquelle les Yézidis sont des adorateurs du diable.

Cette communauté religieuse a tenté de demeurer à distance des violents conflits confessionnels et politiques qui ensanglantent une grande partie de l'Irak, mais ces derniers mois les relations avec les communautés sunnites voisines se sont gravement détériorées.

Le 23 avril, des hommes armés ont intercepté un autocar transportant des Yézidis vers leur village de Beshika (10 km de Mossoul), et massacré 23 d'entre eux.