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Soupçonné de corruption, l'ancien roi d'Espagne Juan Carlos quitte le pays

L'ex-roi Juan Carlos, soupçonné de corruption,quitte l'Espagne.
L'ex-roi Juan Carlos, soupçonné de corruption,quitte l'Espagne. / 12h45 / 4 min. / le 4 août 2020
L'ancien roi d'Espagne Juan Carlos, visé par une enquête du Tribunal suprême espagnol pour des soupçons de corruption, a informé son fils, le roi Felipe, qu'il comptait quitter l'Espagne, a annoncé lundi la maison royale dans un communiqué.

"Guidé à présent par la conviction de rendre le meilleur service aux Espagnols, à leurs institutions, et à toi en tant que Roi, je t'informe de ma décision réfléchie de m'exiler, en cette période, en dehors de l'Espagne", a écrit l'ancien souverain cité dans le communiqué de la Maison Royale. Le roi Felipe VI accepte et le remercie pour sa décision.

Versement de 100 millions de dollars en cause

Juan Carlos explique sa décision par sa volonté de faciliter à son fils l'exercice de ses fonctions devant les conséquences publiques de certains événements passés de sa vie privée, une allusion transparente à l'enquête ouverte contre lui en juin par le parquet de la Cour suprême. Celle-ci cherche à établir si Juan Carlos s'est rendu coupable de corruption en recevant de l'Arabie saoudite une énorme commission lors de l'attribution de la construction d'un TGV entre la Mecque et Médine à un consortium d'entreprises espagnoles.

La Tribune de Genève avait rapporté en mars dernier que Juan Carlos aurait reçu 100 millions de dollars de feu le roi d'Arabie saoudite Abdallah en 2008. Agé de 82 ans, Juan Carlos n'a jamais fait aucun commentaire sur ces allégations.

>> Lire à ce sujet : L'ancien roi d'Espagne Juan Carlos cachait de l'argent à Genève

"Fuite" dénoncée par Podemos

L'avocat de Juan Carlos, Javier Sanchez-Junco, a précisé dans un communiqué que l'ancien monarque ne cherchait pas à échapper à la justice en s'exilant mais restait à la disposition du parquet. Cependant, le vice-président du gouvernement Pablo Iglesias a dénoncé sur Twitter une "fuite" que le chef du parti anti-monarchiste Podemos juge "indigne d'un ex-chef d'État".

Le chef du gouvernement Pedro Sanchez s'était dit "troublé" par ces "informations inquiétantes" en juillet. Lundi, l'exécutif a toutefois simplement exprimé dans un communiqué son "respect" vis-à-vis de cette décision.

Agences/vic

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Un roi longtemps révéré en Espagne

Juan Carlos, choisi par Francisco Franco pour lui succéder, avait surpris après la mort du dictateur en 1975 en ménageant une transition en douceur vers la démocratie avec son Premier ministre Adolphe Saurez. Il avait ensuite neutralisé une tentative de coup d'État en février 1981. Cela avait valu au souverain une immense popularité dans un pays où la monarchie est pourtant contestée. Mais son image avait été progressivement ternie par des rumeurs de corruption, notamment en raison de sa grande proximité avec les monarchies du Golfe.

En 2012, alors que les Espagnols souffrent de la grande récession, ils apprennent que leur roi s'est cassé la hanche lors d'une chasse à l'éléphant au Botswana payée par un homme d'affaires saoudien, en compagnie de sa maîtresse, une femme d'affaires allemande. Le scandale devient intenable et le roi finit par abdiquer en faveur de son fils.

Cette ancienne maîtresse, Corinna zu Sayn-Wittgenstein, a affirmé dans des enregistrements publiés en 2018 que Juan Carlos avait touché une commission lors de l'adjudication de la construction du TGV à un consortium espagnol. Les justices suisse et espagnole enquêtent sur cette affaire. A la suite de nouvelles révélations cette année de la Tribune de Genève et du journal britannique Daily Telegraph, Felipe VI a retiré à son père une dotation annuelle du Palais royal évaluée à plus de 194'000 euros par an, puis annoncé qu'il renonçait à l'héritage de son père "afin de préserver l'exemplarité de la Couronne".