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Droits de l'Homme bafoués au Cachemire un an après la révocation de son autonomie

Il y a un an exactement, le gouvernement indien abrogeait unilatéralement l’autonomie du Cachemire, seule région à majorité musulmane du pays. Aujourd'hui, New Delhi affirme que les attaques terroristes ont diminué, mais l’opposition demeure muselée et les restrictions font souffrir la population.

"Je ne suis pas libre de mes mouvements." Ces mots lancés le 30 juillet dernier sont ceux de Saifudin Soz, ancien ministre fédéral et responsable du parti du Congrès au Cachemire, juste avant d’être attrapé violemment par des gardes. Ce dirigeant modéré de l’opposition affirme que cela fait un an qu’il est en détention. Des dizaines d’autres politiciens du Cachemire seraient dans la même situation, car ils ont déclaré leur opposition à l'abrogation de l’autonomie de leur région.

Il y a un an, jour pour jour, le gouvernement indien abrogeait unilatéralement l’autonomie du Cachemire, seule région à majorité musulmane du pays qui bénéficiait d’un statut spécial depuis l’indépendance. Cette mesure, prise sans consulter les dirigeants ou la population locale, a été très controversée. Surtout que New Delhi a en même temps coupé toutes les communications. Aujourd'hui, le gouvernement affirme que les attaques terroristes ont diminué, mais les restrictions font souffrir la population et la plupart des dirigeants de l’opposition demeurent en détention.

Détentions illégales

"Aucune charge n’est officiellement retenue contre ces personnes. Elles sont en détention préventive, sous le prétexte que si elles étaient libres, elles pourraient perturber la paix au Cachemire", déplore Khurram Pervez, coordinateur de la coalition de la société civile du Cachemire. "Ces détentions violent leur droit à avoir une opinion, et elles sont donc illégales."

New Delhi a ainsi décapité l’élite politique locale. Ce qui est périlleux, selon Ajai Sahni, directeur du Institute of Conflict management. "En temps normal, un habitant peut avoir recours à son député quand il estime souffrir d’une injustice. Maintenant, ce processus démocratique n’existe plus. Il ne reste donc que deux options aux Cachemiris: se taire ou prendre les armes."

A noter que depuis un an le Cachemire est dirigé par un gouverneur nommé par New Delhi, ainsi que par une assemblée aux pouvoirs réduits. Mais ce parlement n’a toujours pas été élu.

Propos recueillis par Sébastien Farcis/ Adaptation web par Fabien Grenon

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