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Un néonazi allemand avoue à son procès le meurtre d'un élu régional

Le principal accusé au procès de Francfort dan son box. [DPA/Keystone - Boris Rössler]
Un néonazi allemand avoue à son procès le meurtre d'un élu régional / Le Journal horaire / 19 sec. / le 5 août 2020
Jugé à Francfort, un néonazi allemand a avoué mercredi lors de son procès avoir tué un élu régional défenseur de la cause des migrants. Le meurtre avait fait prendre conscience de la menace croissante de la violence d'extrême droite dans le pays.

"J'ai tiré à courte distance" sur Walter Lübcke, a reconnu l'accusé de 46 ans, selon une déclaration lue par son avocat devant le tribunal de grande instance de Francfort.

L'homme est jugé par le parquet fédéral allemand, chargé des affaires de terrorisme, pour avoir projeté sur l'élu "sa haine xénophobe" et l'avoir abattu chez lui, à Cassel, d'une balle dans la tête le 1er juin 2019. C'est la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale qu'une affaire de ce type est jugée dans le pays.

Il avait dans un premier temps avoué le meurtre, avant de se rétracter et porter des accusations contre son complice présumé, également jugé dans ce procès qui a débuté le 16 juin. Le parquet accuse également ce dernier de "meurtre aggravé" et "tentative de meurtre aggravé" à l'arme blanche contre un réfugié irakien en 2016, ce qu'il a en revanche réfuté mercredi.

"Pour toujours inexcusable"

Le principal accusé s'est excusé auprès la famille de l'élu. "Je sais, ce que [nous] avons fait restera pour toujours inexcusable".

"C'était cruel et lâche (…) mais je ne peux pas y changer quoi que ce soit", a-t-il reconnu avant d'ajouter: "Personne ne devrait mourir parce qu'il a une autre opinion".

Son complice présumé est lui accusé par le parquet de l'avoir entraîné au tir en forêt, "y compris avec l'arme utilisée" pour le meurtre, sans pour autant être "au courant des plans réels" du meurtrier.

Les deux suspects ont également, selon les enquêteurs, assisté ensemble à une réunion publique au cours de laquelle Walter Lübcke avait apporté son soutien à la politique migratoire généreuse décidée par la chancelière Angela Merkel.

Dans la foulée de la vague de réfugiés

Plus d'un million de réfugiés ont été accueillis en Allemagne entre 2015 et 2016. Dans la foulée, le parti d'extrême-droite, Alternative pour l'Allemagne (AfD), a fait une entrée fracassante au parlement lors des élections législatives de 2017.

afp/oang

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Connu des autorités depuis longtemps

Le principal accusé du procès était connu des autorités depuis la fin des années 1980 comme un sympathisant néonazi au potentiel violent.

Dès 1993, il avait ainsi été suspecté d'avoir planifié un attentat à la bombe contre un foyer de demandeurs d'asile. En 2009, il avait participé à une émeute raciale à Dortmund.

Malgré ce passé chargé, les services de renseignements avaient cessé ces dernières années de le surveiller.

Le spectre du terrorisme "brun"

Le meurtre de Walter Lübcke, membre du parti conservateur d'Angela Merkel, a réveillé le spectre du terrorisme "brun" dans le pays.

Sous-estimée dans les années 2000 par les autorités malgré les meurtres de huit immigrés turcs, d'un Grec et d'une policière allemande par le groupuscule néonazi NSU, la menace est perçue aujourd'hui comme un défi crucial pour la sécurité intérieure.

En octobre 2019, un sympathisant d'extrême droite avait failli commettre un massacre le jour de la fête juive de Yom Kippour, dans une synagogue de Halle dans l'est du pays.

En février dernier, un homme a tué neuf personnes d'origine étrangère dans deux bars de Hanau, près de Francfort, puis s'est suicidé.

Des groupes soupçonnés de préparer des attaques xénophobes ou antisémites sont régulièrement démantelés.