Confirmant son voyage quelques heures après la libération des
cinq infirmières et du médecin bulgares détenus plus de huit ans en
Libye, Nicolas Sarkozy l'a présenté comme "un déplacement politique
pour aider la Libye à réintégrer le concert des nations".
Implication personnelle
Nicolas Sarkozy s'est personnellement impliqué dans le difficile
dossier des détenus bulgares, envoyant notamment à deux reprises à
Tripoli, en deux semaines, son épouse Cécilia et son principal
collaborateur à la présidence, Claude Guéant, pour hâter la
libération des personnels médicaux bulgares, accusés par les
Libyens d'avoir inoculé le virus du sida à des centaines
d'enfants.
L'accord comporte un volet de financement resté ambigu, ni la
France ni l'UE ne versant officiellement d'argent, alors qu'une
mystérieuse "action humanitaire" du Qatar a été évoquée. Le voyage
du président français sera en tout cas la première et très
symbolique illustration de la normalisation promise des relations
entre Tripoli et l'Union européenne.
Promesses économiques
Normalisation pleine de promesses pour les entreprises
françaises (pétrole, gaz, nucléaire, banque) dans un pays gros
producteur d'hydrocarbures qui ouvre ses portes aux investisseurs
et tente de rattraper son retard après une décennie
d'embargo.
Tripoli a lancé début juillet un important appel d'offre pour
l'exploration de 41 blocs gaziers auquel le groupe pétrolier Total,
qui n'a jamais quitté la Libye, entend participer. La France
nourrit par ailleurs des ambitions dans le nucléaire. Elle a signé
avec Tripoli en mars 2006 un protocole d'accord sur la recherche
nucléaire civile, qui ouvrait la porte à une "participation" des
sociétés françaises.
Immigration et Darfour
Nicolas Sarkozy devait arriver en fin d'après-midi à Tripoli
puis avoir des entretiens avec le numéro un libyen. Devraient
suivre la signature d'accords et un dîner officiel. Au menu des
discussions devaient notamment figurer le projet d'Union
méditerranéenne lancé par le président français, l'immigration
illégale dont la Libye est devenue une plaque tournante, ainsi que
les questions régionales comme le conflit du Darfour.
Jacques Chirac avait effectué en novembre 2004 à Tripoli la
première visite officielle d'un président français depuis
l'indépendance de la Libye en 1951 avec la volonté d'établir un
"vrai partenariat" politique et économique avec ce pays, un
objectif ambitieux qui ne s'est jamais concrétisé.
afp/cab
La Libye de retour sur la scène mondiale
L'affaire des infirmières et du médecin bulgares aura permis à la Libye de négocier en position de force une normalisation de ses relations avec l'Union européenne, scellant un retour sur la scène internationale amorcé il y a quelques années.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a dit s'être engagé auprès du numéro un libyen Mouammar Kadhafi à une normalisation des relations.
Considéré comme un Etat soutenant le terrorisme, la Libye avait été mise au ban de la communauté internationale dans les années 1980 après avoir notamment été jugée responsable de l'attentat contre un avion américain de la Panam, qui avait fait 270 morts à Lockerbie (Ecosse) en 1988, et contre un avion français UTA, dans le Ténéré au Niger, en 1989 (170 morts).
La normalisation des relations avec la communauté internationale, officialisée dans le cas des Etats-Unis en mai 2006, a débuté avec la remise de deux suspects de l'attentat de Lockerbie à la justice britannique en 1999 puis, en 2003, avec la renonciation au développement d'armes de destruction massive.