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Paris vend ses missiles antichar à Tripoli

L'accord d'armement scellé entre Sarkozy et Kadhafi crée des remous
Une poignée de mains pour sceller un accord d'armement?
La Libye a signé jeudi un contrat d'armement avec la France pour l'achat de missiles antichar Milan à hauteur de 168 millions d'euros, a indiqué à l'AFP un haut responsable libyen à Tripoli.

Ce contrat a été signé avec MBDA, le numéro un mondial des
systèmes d'armes guidées, filiale d'EADS, a ajouté la même source,
précisant qu'il s'agit du premier contrat d'armement signé avec un
pays européen depuis la levée d'un embargo européen sur les ventes
d'armes à la Libye en 2004.

EADS confirme, Morin nuance

Le groupe européen d'aéronautique et de défense EADS a affirmé
que le contrat pour la fourniture de missiles antichar Milan à la
Libye était "finalisé", après "18 mois" de négociations, dans un
communiqué paru vendredi.



Le ministre français de la Défense Hervé Morin a de son côté
annoncé vendredi que la Libye avait signé une «lettre d'intention»
pour acheter à la France des missiles antichar. Les contrats «ne
sont pas signés en tant que tels formellement. Il y a une lettre
d'intention de la Libye disant 'nous souhaitons acheter des
missiles Milan', sur lequel il y a déjà eu un accord d'une
commission interministérielle en février 2007», a affirmé Hervé
Morin sur la radio RTL.

Deuxième contrat

Tripoli a conclu également un deuxième contrat avec le groupe
européen de défense et d'aéronautique EADS pour un système Tetra de
communication radio à hauteur de 128 millions d'euros, a ajouté ce
responsable sous le couvert de l'anonymat.



Paris et Tripoli ont conclu le 25 juillet un mémorandum sur un
projet de fourniture d'un réacteur nucléaire civil permettant le
dessalement de l'eau de mer, ainsi qu'un accord dans le domaine
militaire, après la libération des infirmières et du médecin
bulgares.

Interview du "Monde"

Le quotidien français Le Monde, qui s'est entretenu avec Seif
al-Islam, le fils du colonel Mouammar Kadhafi à Nice (sud-est de la
France), avait déjà révélé mercredi que le "coeur du sujet" entre
Paris et Tripoli n'était pas ce projet nucléaire, mais "l'affaire
militaire".



"D'abord, l'accord recouvre des exercices militaires conjoints",
avait ainsi expliqué le fils du dirigeant libyen, acteur clef de
l'accord sur la libération des infirmières bulgares. "Puis, nous
allons acheter à la France des missiles antichar Milan", avait-il
révélé. Enfin, "il y a un projet de manufacture d'armes, pour
l'entretien et la production d'équipements militaires", avait
encore affirmé Seif al-Islam.

Dénégations de Sarkozy

A la suite de cette interview, le président Nicolas Sarkozy
avait immédiatement réaffirmé la position française depuis le début
de cette affaire, assurant qu'il n'y avait eu "aucune" contrepartie
à la libération des infirmières et du médecin bulgares.



afp/kot/hof

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Le PS demande des éclaircissements

Le PS français a continué jeudi d'interpeller le gouvernement sur les conditions de la libération des infirmières bulgares en Libye et l'existence d'un contrat d'armement avec Tripoli, en dénonçant un éventuel "troc" avec le régime de Mouammar Kadhafi.

Le chef du PS François Hollande a de nouveau réclamé la "transparence" sur les négociations avec la Libye après les déclarations de Seïf el-Islam Kadhafi dans "Le Monde".

Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, issu des rangs socialistes, a une nouvelle fois démenti jeudi que la France eut accordé à la Libye des "contreparties" pour la libération des infirmières bulgares.

Au lendemain de la libération des infirmières, le 25 juillet, Paris et Tripoli ont conclu un mémorandum sur un projet de fourniture d'un réacteur nucléaire civil permettant la désalinisation de l'eau de mer, qui a s suscité de vives critiques en Allemagne

Nicolas Sarkozy et Mouammar Kadhafi ont également signé un accord dans le domaine militaire dont le contenu exact n'a pas été rendu public.