Il s'agit de "responsables du conseil d'administration du port de Beyrouth et de l'administration des douanes, et des responsables des travaux d'entretien et des (ouvriers) ayant effectué des travaux dans le hangar numéro 12", où étaient stockées les tonnes de nitrate d'ammonium, a précisé le procureur militaire Fadi Akiki dans un communiqué.
"Seize personnes sont détenues dans le cadre de l'enquête", a indiqué le communiqué sans préciser la date de leur arrestation, leur identité ou les accusations à leur encontre.
Par ailleurs, un responsable proche du dossier a assuré que la Banque centrale du Liban avait ordonné un gel des avoirs de sept responsables du port et des douanes.
Emmanuel Macron sur place
En visite à Beyrouth deux jours après l'explosion dévastatrice de mardi, Emmanuel Macron a réclamé jeudi une enquête internationale sur ce drame. Il a aussi appelé à un "profond changement" de la part des dirigeants libanais, accusés d'incompétence et de corruption par une population en colère.
Les explosions de mardi, dues selon les autorités à un incendie dans un entrepôt abritant une énorme quantité de nitrate d'ammonium au port de Beyrouth, ont fait au moins 149 morts et 5000 blessés, sans oublier les dizaines de disparus et les centaines de milliers de sans-abri.
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Au terme d'une visite de quelques heures, le président français a annoncé lors d'une conférence de presse son retour à Beyrouth le 1er septembre ainsi qu'une conférence d'aide "dans les tout prochains jours" pour le Liban, pays meurtri et proie à une crise économique inédite.
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"Enquête internationale"
Emmanuel Macron s'est rendu dans les ruines du port, puis dans le quartier ravagé de Gemmayzé, où il a pu observer la détresse des habitants qui ont réclamé le départ d'une classe dirigeante en place depuis des décennies.
"Il faut une enquête internationale ouverte, transparente pour éviter que d'abord des choses soit cachées, et aussi que le doute ne s'installe", a-t-il dit après des entretiens avec les dirigeants libanais et des représentants de la société civile.
Furieux après une catastrophe de trop dans le pays en plein naufrage, les Libanais réclament des comptes. "Aidez-nous! Révolution!", "Le peuple veut la chute du régime", ont scandé le habitants de Gemmayzé devant le président français.
Emmanuel Macron leur a promis de demander aux dirigeants libanais de "changer le système (...), de lutter contre la corruption". Devant la presse, il a répété que "c'est le temps des responsabilités pour le Liban et ses dirigeants", appelant à une "refondation d'un ordre politique" et à de "profonds changements".
Sur ce sujet: Alain Aoun, député libanais et neveu du président Michel Aoun, s'est exprimé dans l'émission Forum jeudi soir. Lire et écouter son interview dans notre encadré.
Elan de solidarité
Dans une capitale aux airs d'apocalypse et alors que les autorités n'ont mis en place aucun dispositif pour aider les citoyens, des centaines de Libanais se sont mobilisés, dans un vaste élan de solidarité, pour poursuivre les opérations de déblaiement ou d'accueil des sans-abri.
afp/vic/lan
Cette catastrophe "reflète un Etat qui a échoué dans ses institutions"
Député du parti présidentiel et neveu du président Michel Aoun, Alain Aoun s'est exprimé dans l'émission Forum de la RTS jeudi. Il évoque une catastrophe sans précédent: "Jamais il n'y a eu quelque chose de cette ampleur, qui a fait déborder les hôpitaux, qui a détruit des quartiers entiers", a-t-il témoigné.
"Nous étions dans une crise financière et économique très grave, dans une situation très critique au niveau financier. Et tout d'un coup, nous avons une tragédie qui vient augmenter les pertes de plusieurs milliards de dollars. Nous qui étions en quête d'une aide du FMI pour relancer l'économie, cela va de soi qu'avec ce drame, nous avons besoin de cette aide internationale", a plaidé Alain Aoun.
Elections anticipées?
Il juge la colère de la population contre le gouvernement compréhensible mais estime qu'elle vise toute la classe politique et pas seulement le parti au pouvoir. "Si l'enquête confirme que ce nitrate d'ammonium a été laissé au port depuis 2014, dans les conditions où il l'a été, plein de dirigeants, plein de ministres, plein de responsables" seront sur la sellette. Mais ils seront "de tous les partis politiques et non pas juste du gouvernement actuel", avance le député libanais.
Il reconnaît "une grosse faille institutionnelle", reflet d'un Etat "qui a échoué dans ses institutions". "On ne peut plus laisser passer 'à la libanaise', arrondir les angles. Il faut répondre de ce drame, désigner des responsables. C'est la moindre des choses que les institutions libanaises puissent faire", poursuit Alain Aoun. Pour éviter que le fossé ne s'agrandisse encore entre la population et la classe politique, il évoque la possibilité de la régénérer par un processus d'élections, "peut-être anticipées, on verra".
>> Ecouter son interview en intégralité dans Forum:
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Adaptation web: Vincent Cherpillod