«Si les gouvernements afghan et sud-coréen ne s'impliquent pas
davantage sur cette question (d'un échange de prisonniers), les
talibans vont tuer certains des otages», a déclaré à l'AFP un
porte-parole des rebelles, Youssouf Ahmadi.
Qari Mohammad Yousuf, un autre porte-parole cité par Reuters, a
accusé Kaboul et Séoul de «ne pas être honnêtes» dans leurs
tractations. Selon lui, les insurgés ont suspendu ces négociations
et seule la libération de leurs camarades permettrait de dénouer la
crise des otages enlevés il y a dix jours à Ghazni, à 140 km au sud
de Kaboul.
Kaboul inflexible
Les talibans ont proposé d'échanger huit Sud-Coréens contre le
même nombre des leurs prisonniers avant d'entamer de nouvelles
négociations sur le sort des autres otages. Mais les autorités
afghanes réclament d'abord la libération des seize femmes otages
avant de négocier les exigences des talibans, a déclaré le député
Mahmoud Gailani, un des négociateurs du gouvernement afghan dans la
province de Ghazni.
Les négociateurs afghans avaient en outre assuré samedi n'avoir
«pas mandat» pour discuter d'un échange de prisonniers. Le
vice-ministre afghan de l'intérieur, Munir Mangal, avait de son
côté déclaré samedi qu'en cas d'échec du dialogue, les autorités
auraient recours à «d'autres moyens», laissant entendre qu'un
recours à la force était envisagé.
Recours à la force?
Qari Mohammad Yousuf lui a rétorqué qu'une telle éventualité
mettrait en danger la vie des otages, alors que la police de Ghazni
a toutefois exclu toute opération pour obtenir par la force la
libération des Sud-Coréens.
Le corps criblé de balles du chef du groupe des otages sud-coréen,
un pasteur de 42 ans, avait été découvert mercredi. Après avoir
repoussé à quatre reprises leur ultimatum, les talibans avaient
accepté vendredi de donner du temps aux autorités afghanes pour
répondre à leur demande.
L'engagement d'Hamid Karzai
Ce nouvel ultimatum est tombé peu après un entretien à Kaboul
entre le chef de l'Etat afghan Hamid Karzai et l'émissaire de la
présidence sud-coréenne, Baek Jong-Chun, qui a déclaré «respecter
toute position» prise par Kaboul pour résoudre cette affaire, selon
la présidence afghane.
«Personnellement impliqué» dans la résolution de cette affaire,
Hamid Karzai a lui espéré trouver une «solution appropriée» et jugé
contraire aux valeurs de l'islam et afghanes les rapts d'étrangers,
notamment de femmes. Hamid Karzai avait juré qu'il n'y aurait plus
jamais d'échanges de prisonniers après celui, très controversé,
ayant permis en mars la libération du journaliste italo-suisse
Daniele Mastrogiacomo. Cinq responsables talibans avaient alors été
libérés.
afp/sun
L'appel du pape
Depuis sa villégiature de Castel Gandolfo, dans les collines au sud de Rome, le pape Benoît XVI a appelé dimanche les talibans à libérer leurs 22 otages sud-coréens.
Le chef de l'Eglise catholique a qualifié ces actes de "violation grave de la dignité humaine". "Je lance un appel pour que les auteurs de tels actes criminels cessent de commettre le mal et relâchent leurs victimes indemnes".
22 Sud-Coréens et un Allemand
Les 22 otages sont détenus par petits groupes en différents endroits, dans trois provinces différentes.
Selon les talibans, certains d'entre eux sont malades. Les miliciens islamistes ont affirmé avoir «reçu des médicaments pour les Sud-Coréens transmis par des Anciens».
Les talibans détiennent par ailleurs un ingénieur allemand et quatre de ses collègues afghans, enlevés le 18 juillet dans la province de Wardak (100 km au sud de Kaboul), pour lesquels ils exigent aussi un échange de prisonniers.
Youssouf Ahmadi a assuré dimanche qu'il n'y avait encore aucune négociation sur le cas de cet otage allemand qui est, selon lui, «malade».