Le scrutin, qui se déroule jusqu'à 20h00 (19h00, heure suisse), a été précédé d'un vote anticipé depuis mardi, qui a enregistré une participation de 41,7% selon les autorités.
Le pouvoir a redoublé d'efforts pour enrayer l'essor de Svetlana Tikhanovskaïa, arrêtant samedi la cheffe de son QG de campagne et interpellant brièvement le même jour une autre alliée de premier plan de l'opposante. Les autorités dénoncent depuis fin juillet un complot d'opposants et de mercenaires russes pour mettre le pays à feu et à sang (lire encadré).
Mais cette enseignante d'anglais de formation, âgée de 37 ans, a tenu bon bien qu'elle ait "peur tous les jours", a-t-elle confié à l'AFP. "Merci de votre soutien et de votre confiance (...) réveillons-nous dans un nouveau pays", a-t-elle encore lancé à ses partisans dans une vidéo postée samedi, condamnant les arrestations des derniers jours et appelant à la vigilance face aux fraudes.
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Des bracelets blancs comme symbole
Ses partisans se rendent aux urnes en portant des masques sanitaires et surtout des bracelets blancs, en signe de reconnaissance à la demande de la candidate, qui les a également conviés à envoyer des photos de leurs bulletins afin d'organiser un comptage des votes indépendant.
Svetlana Tikhanovskaïa affirme ne pas avoir d'illusions quant au résultat car des "fraudes éhontées" ont déjà été perpétrées selon elle au moment du vote anticipé. D'autant que le nombre des observateurs indépendants a été réduit au minimum.
Face à ces "informations inquiétantes", la France, l'Allemagne et la Pologne ont appelé à un scrutin "libre et équitable".
Possibles manifestations à venir
Des manifestations de détracteurs du pouvoir ne sont pas à exclure, si l'opposition juge le scrutin falsifié. Alexandre Loukachenko a quant à lui clairement laissé entendre qu'il n'hésiterait pas à les disperser.
Samedi soir, une présence policière accrue était visible dans les rues de Minsk, et des véhicules militaires ont traversé le centre-ville de la capitale. Des manifestants ont été arrêtés, et des partisans de l'opposition ont traversé la ville en claxonnant dans leurs voitures.
Le procureur général Alexandre Koniouk a pour sa part demandé aux électeurs d'être "raisonnables" et de ne pas participer à des manifestations non-autorisées.
Les résultats doivent être annoncés dans la nuit ou la journée de lundi.
afp/oang
Une candidate surprise qui a su mobiliser
Avant l'émergence surprise de Svetlana Tikhanovskaïa, Alexandre Loukachenko a éliminé ses principaux concurrents au printemps et au début de l'été: deux d'entre eux sont incarcérés, un troisième s'est exilé. Trois autres candidats sont en lice, mais aucun n'a su mobiliser.
Svetlana Tikhanovskaïa se présente, elle, comme une "femme ordinaire, une mère et une épouse" qui a remplacé au pied levé son mari, Sergueï Tikhanovski, un blogueur incarcéré en mai alors qu'il faisait campagne.
Elle a su mobiliser alors même que la Biélorussie n'a jamais pu voir émerger d'opposition unie et structurée.
Pour cela, elle s'est alliée à deux autres femmes: Veronika Tsepkalo, compagne d'un opposant en exil, et Maria Kolesnikova, directrice de campagne de Viktor Babaryko, un ancien banquier emprisonné alors qu'il souhaitait se présenter.
En cas de victoire, elle a promis de ne rester au pouvoir que le temps de libérer "les prisonniers politiques", organiser une réforme constitutionnelle et de nouvelles élections.
Haute tension avec Moscou
Le vote de dimanche se déroule aussi dans une atmosphère de défiance envers Moscou, dont Alexandre Loukachenko est à la fois le plus proche et le plus turbulent allié.
Jamais en 26 ans les tensions n'ont été si concrètes: pour l'actuel président biélorusse, les "marionnettistes" du Kremlin ont l'intention de faire de son pays un vassal.
Fin juillet, 33 Russes, des mercenaires présumés de l'opaque groupe militaire privé Wagner, réputé proche du pouvoir russe, ont été arrêtés, accusés de préparer un "massacre" à Minsk.
Moscou a rejeté ces allégations, dénonçant un "spectacle" électoral.