Activiste pro-démocratie de la première heure, Jimmy Lai a été de toutes les contestations depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997. Homme d'affaires à succès, le milliardaire finance plusieurs formations pro-démocratie de l'ancienne colonie britannique. Fondateur du principal journal d'opposition Apple Daily, Jimmy Lai est aussi un homme de réseau. En déplacements fréquents à Washington, il y a récemment rencontré le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo.
La police hongkongaise indique l'avoir arrêté pour "collusion avec des forces étrangères". Une opération de police impressionnante a en outre eu lieu contre son groupe de presse, un raid mené par plus de cent agents.
La nouvelle loi sur la sécurité nationale imposée de force par la Chine punit une large palette d'acte considérés comme relevant de la subversion, de la sécession où de la collusion avec l'étranger. Les peines prévues vont jusqu'à l'emprisonnement à vie. Dans certains cas, Pékin s'arroge le droit d'extrader les prévenus pour les soumettre à son système judiciaire, subordonné au parti communiste.
Protection rapprochée
Jimmy Lai vivait depuis de nombreuses années sous protection rapprochée. En mai dernier, il avait été arrêté aux côtés d'une quinzaine de figures du mouvement pro-démocratique hongkongais. Accusés d'avoir encouragé des manifestations illégales l'an dernier – alors que l'ancienne colonie britannique était ébranlée par des mois de contestation sans précédent – ils avaient été libérés sous caution.
Le quotidien chinois ultranationaliste Global Times évoque aujourd'hui l'arrestation de Jimmy Lai, un "traître moderne" qui "échappera cette fois difficilement à la justice".
Depuis son entrée en vigueur le 1 juillet 2020, la nouvelle législation chinoise a chamboulé la vie des Hongkongais. De nombreux activistes ont dissous leurs organisations, d'autres ont tout simplement fui le territoire – à l'image de Nathan Law, célèbre figure du mouvement des parapluie en 2014, élu dans la foulée au parlement local avant d'en être exclu sous pression de la Chine.
Agnes Chow également arrêtée
L'étudiante Agnes Chow, l'une des figures du mouvement pro-démocratie hongkongais et co-fondatrice du parti Demosisto, a aussi été arrêtée pour violation présumée de la nouvelle loi sur la sécurité nationale en vigueur dans le territoire chinois, a dit lundi Nathan Law. Une information par la suite confirmée par une source policière.
"Agnes Chow a été arrêtée en vertu de la loi sur la sécurité nationale pour incitation à la sécession. La police fouille son domicile et dispose d'un mandat. Agnes va être amenée à un commissariat de police et nous ne savons pas encore si elle pourra être libérée sous caution", a déclaré Nathan Law sur Twitter. "
Nombreuses interdictions
Nombre de slogans appelant à la libération, à l'indépendance de Hong Kong ou fustigeant le parti communiste chinois ont été déclarés illégaux. Certains chants et diverses activités symboliques comme la formation de chaînes humaines ont été interdites dans les écoles. De nombreux livres ont en outre été retirés des rayons des librairies et des bibliothèques publiques.
Les autorités hongkongaises ont récemment disqualifié une dizaine de candidats aux élections législatives prévues initialement en septembre. Ces élections ont elles-mêmes été repoussées d'un an par l'exécutif, invoquant la pandémie de Covid-19 pour justifier cette décision inédite.
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Michael Peuker/ebz/ther
Relations tendues avec l'Occident
L'entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale a tendu les relations entre la Chine et une grande partie de l'Occident. Outre une forte dénonciation internationale, de nombreux Etats comme les Etats-Unis, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada, la France, le Royaume-Uni ou l'Allemagne ont suspendu leur accord d'extradition avec Hong Kong.
Washington annonçait en outre vendredi dernier des sanctions économiques à l'encontre des responsables chinois et hongkongais impliqués dans la restriction des libertés dans l'ancienne colonie britannique.
Mike Pompeo se dit "profondément préoccupé"
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo s'est dit lundi "profondément préoccupé" par l'arrestation à Hong Kong du magnat de la presse Jimmy Lai.
Cette arrestation est une "preuve supplémentaire que le Parti communiste chinois a éviscéré les libertés de Hong Kong et les droits de son peuple", a estmé Mike Pompeo.