Selon la compagnie publique de chemins de fer Deutsche Bahn, au
moins la moitié des quelque 19'000 liaisons régionales quotidiennes
ont été supprimées vendredi matin, comme un tiers des 750 liaisons
grandes lignes, suite au débrayage entre 8h00 et 11h00 des 8000
machinistes affiliés à GDL.
Deutsche Bahn avoue cependant des «différences régionales» dans
l'impact de la grève. A la gare centrale de Berlin, vers 08h00, la
quasi totalité des trains de banlieue et des trains régionaux
étaient purement et simplement annulés. Les trajets avec la Suisse
n'ont pas été affectés, a fait savoir un porte-parole des
CFF.
GDL a maintenant donné jusqu'à mardi 13h00 à Deutsche Bahn pour
lui présenter une offre sur les salaires, sous peine de nouvelles
grèves à partir de cette date.
Chaos évité
Une décision de justice de dernière minute a toutefois évité le
chaos total dans les gares allemandes, où transitent chaque jour 10
millions de personnes, un record en Europe. Saisi par la Deutsche
Bahn, le tribunal du travail de Chemnitz a décidé très tôt vendredi
matin que les conducteurs de train ne pourraient pas faire grève
sur les grandes lignes et sur le fret.
Dans les faits toutefois, la mise en place d'un «plan d'urgence»
par Deutsche Bahn a aussi perturbé les liaisons nationales. La
dernière grande grève des chemins de fer allemands remonte à 1992,
elle avait duré une dizaine de jours.
Le syndicat des conducteurs a reproché jeudi à la compagnie
d'avoir elle-même «semé le chaos» en supprimant des trains de sa
propre initiative, selon Frank Schmidt, responsable de GDL pour
l'Etat régional de Rhénanie du Nord-Westphalie, le plus peuplé
d'Allemagne.
Pression sur les autres
Deutsche Bahn de son côté a reproché aux adhérents de GDL
d'avoir «fait massivement pression sur d'autres conducteurs pour
qu'ils cessent le travail» et «s'est vu contrainte de leur
interdire l'accès aux quais», selon un communiqué jeudi.
L'entreprise a estimé que les débrayages lui coûtaient plus d'un
million d'euros par jour.
Cela fait plusieurs mois que le ton ne cesse de monter entre la
compagnie et GDL, engagé dans un bras de fer tout à fait inédit
avec la direction. Le petit syndicat a en effet décidé de faire
cavalier seul et de rompre avec la tradition sociale de
l'entreprise, qui prévoit que les négociations salariales sont
menées avec deux syndicats majoritaires, Transnet et DGBA.
ats/tac
31% de hausse de salaire réclamés
Alors que Deutsche Bahn et deux syndicats majoritaires se sont miss d'accord l'été dernier sur une hausse de salaire de 4,5% pour 134'000 salariés des chemins de fer en Allemagne, GDL réclame une hausse de jusqu'à 31% des salaires d'entrée pour les conducteurs et surtout une convention collective séparée. Ce dont la compagnie de chemins de fer ne veut pas entendre parler.
Deutsche Bahn avait fait la semaine dernière une ultime proposition d'une revalorisation de 10% de la rémunération des conducteurs, rejetée par GDL. Les négociations sont depuis interrompues.
La compagnie de chemins de fer se dit prête à soutenir un siège de longue durée: «La Bahn peut résister très, très longtemps. Nous sommes vraiment bien préparés», a dit jeudi la directrice du personnel, Margret Suckale.
Dans ce bras de fer, les conducteurs de train peuvent compter jusqu'ici sur une relative bienveillance de la part des Allemands: selon un sondage de Infratest-Dimap publié jeudi, 57% d'entre eux ont de la compréhension pour les conducteurs de train. Mais cette sympathie s'érode à grande vitesse: en juillet dernier, ils étaient encore 71% à soutenir les revendications de GDL.