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Alexandre Loukachenko ouvre la porte à de nouvelles élections

La pression monte sur le président biélorusse Alexandre Loukachenko, chahuté dans une usine
La pression monte sur le président biélorusse Alexandre Loukachenko, chahuté dans une usine / 19h30 / 1 min. / le 17 août 2020
Face à une vague de contestation sans précédent suite à sa réélection, le président biélorusse Alexandre Loukachenko a ouvert la voie à une nouvelle élection lundi. La candidate d'opposition Svetlana Tikhanovskaïa s'est quant à elle dite prête à diriger le pays.

Des manifestations étaient en cours lundi devant plusieurs usines et le siège de la télévision publique biélorusse à Minsk suite à l'appel de l'opposition, qui a annoncé une grève générale pour protester contre la réélection controversée du président Alexandre Loukachenko.

Cet appel intervient au lendemain d'un des plus grands rassemblements de l'opposition de l'histoire de Biélorussie, qui a vu plusieurs dizaines de milliers de personnes se réunir à Minsk pour exiger le départ du chef de l'Etat.

>> Lire aussi : Des dizaines de milliers de personnes manifestent à Minsk contre le pouvoir

Des milliers d'employés ont ainsi arrêté le travail dans plusieurs usines. Des protestataires brandissant les drapeaux blanc et rouge de l'opposition se sont notamment réunis devant une usine de véhicules lourds (MZKT) où Alexandre Loukachenko est arrivé lundi en hélicoptère.

Un face-à-face tendu a alors opposé le président contesté aux ouvriers, pourtant triés sur le volet, qui lui criaient "Pars!" alors qu'il donnait son discours et répondait à leurs questions.

>> Les précisions de Jean-Didier Revoin dans La Matinale :

Des opposants à Alexandre Loukachenko défilent dans les rues de Minsk. [Keystone/AP Photo - Dmitri Lovetsky]Keystone/AP Photo - Dmitri Lovetsky
L'instabilité politique continue en Biélorussie / La Matinale / 1 min. / le 18 août 2020

Annonces contradictoires

Défiant, Alexandre Loukachenko a répété face à la foule qu'il ne comptait pas abandonner le pouvoir. "Jamais je ne ferai quoi que ce soit sous pression", a-t-il déclaré, "tant que vous ne me tuerez pas, il n'y aura pas d'élections".

Il a nuancé en se disant prêt à organiser une nouvelle élection après l'adoption d'une nouvelle Constitution, sans donner de détails: "Soumettons-la par référendum, adoptons la Constitution et je vous transmettrai le pouvoir (...). Mais pas sous la pression et pas par la rue".

Visiblement en colère, il a finalement quitté l'estrade à la fin de son discours en concluant "Merci, j'ai tout dit, vous pouvez crier 'Pars'".

Pour le journaliste indépendant biélorusse Andreï Vaitovitch, qui s'exprimait dans Forum, cela marque le caractère inédit de ce type de mobilisation ouvrière. "Lorsqu'il s'exprime sans texte préécrit, c'est très difficile de suivre sa pensée", analyse-t-il. "Mais on l'a vu, avec la répression qui s'est mise en place dès l'annonce des résultats des élections, il ne lâchera pas le pouvoir facilement", estime-t-il.

La candidate d'opposition "prête à gouverner"

Svetlana Tikhanovskaïa, candidate de l'opposition désormais exilée en Lituanie, a quant à elle publié lundi une vidéo dans laquelle elle se dit prête à diriger le pays. "

"Je suis prête à assumer mes responsabilités et à agir en tant que dirigeante nationale", a déclaré l'opposante de 37 ans. Elle a rappelé qu'elle n'avait pas "voulu devenir une politicienne", mais que "le destin a décrété que je me trouverais en première ligne face à l'arbitraire et l'injustice".

"Vous qui avez cru en moi, qui m'avez donné la force, j'admire aujourd'hui chaque minute votre courage, votre auto-organisation et combien vous êtes forts et brillants", a-t-elle ajouté, disant vouloir "sortir de ce cercle sans fin dans lequel nous nous sommes retrouvés il y a 26 ans", lors de l'accession au pouvoir d'Alexandre Loukachenko.

ats/ebz/jop

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Fraudes massives dénoncées

Svetlana Tikhanovskaïa, qui avait pris la suite de son mari emprisonné, a dénoncé des fraudes massives lors du scrutin du 9 août, à l'issue duquel elle a officiellement recueilli 10% des voix contre 80% pour le chef de l'Etat sortant.

Svetlana Tikhanovskaïa avait revendiqué la victoire à la présidentielle du 9 août et demandé au président Alexandre Loukachenko de céder la place, mais ne s'était pas clairement dite prête à occuper la plus haute fonction de l'Etat.

Elle s'est réfugiée en Lituanie en début de semaine dernière, ses alliés dénonçant les pressions qu'elle a subies. Elle avait appelé à des manifestations pacifiques dans tout le pays, qui se succèdent quotidiennement depuis l'élection.

Le Royaume-Uni n'accepte pas les résultats

Le Royaume-Uni "n'accepte pas les résultats" de l'élection présidentielle du 9 août en Biélorussie et compte "sanctionner les responsables" de la répression des manifestations contre le président Alexandre Loukachenko, a indiqué lundi le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab.

"Le Royaume-Uni n'accepte pas les résultats. Nous avons besoin de toute urgence d'une enquête indépendante par l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) sur les failles qui ont rendu injustes les élections, ainsi que sur la répression atroce qui a suivi", a déclaré le ministre des Affaires étrangères dans un communiqué.