A l'issue d'un long débat houleux, les députés ont été 377 pour
voter en faveur de la dissolution tandis que 54 se sont exprimés
contre et 20 se sont abstenus.
Tour de passe-passe
Deux heures à peine après l'autodissolution du Parlement, le
président de la République Lech Kaczynski a fixé la date des
élections pour le 21 octobre, soit deux ans avant l'échéance.
Dans un tour de passe-passe, les frères Kaczynski ont également
révoqué vendredi soir leurs principaux ministres pour leur éviter
une humiliante destitution par le Parlement, mais ils les garderont
au gouvernement comme simples secrétaires d'Etat.
Motions de défiance
En vertu de la Constitution polonaise, une majorité des deux
tiers du nombre total de députés de la Diète (chambre basse), soit
307 sur 460, était requise. Le Sénat (chambre haute) a été
automatiquement dissous, sans avoir été consulté.
Dans des motions de défiance individuelles, les libéraux
(opposition) voulaient destituer entre autres la ministre des
Affaires étrangères Anna Fotyga, la ministre des Finances Zyta
Gilowska et surtout le ministre de la Justice Zbigniew Ziobro,
accusé d'avoir mis sur écoutes des hommes politiques, même au sein
du gouvernement, ainsi que des journalistes.
En crise depuis la mi-août
Depuis l'éclatement à la mi-août de leur coalition avec un
mouvement populiste et un parti d'extrême-droite ultracatholique,
les conservateurs de Droit et Justice (PiS) n'avaient plus de
majorité et étaient incapables de gouverner seuls.
Fort du soutien d'environ un quart des Polonais, le Premier
ministre Jaroslaw Kaczynski, frère jumeau du président et chef du
PiS, s'était décidé à prendre le pari risqué d'élections à
mi-mandat. Dans l'opposition, les libéraux de Plateforme civique
(PO) et les sociaux-démocrates (SLD) réclamaient depuis longtemps
de nouvelles élections.
Un scrutin très incertain
Le résultat du futur scrutin reste incertain, puisque le PiS et
la principale formation de l'opposition, la libérale Plateforme
civique (PO), se chevauchent en tête des sondages. Selon les études
publiées cette semaine, la PO est créditée de 26% à 36% des
intentions de vote, alors que Droit et Justice recueillerait entre
27% et 30%.
En 2005, les libéraux menaient dans les sondages, mais une très
bonne campagne du PiS a renversé la tendance en sa faveur.
agences/cer
Une campagne qui s'annonce rude
Comme il y a deux ans, le PiS compte faire de la lutte contre la corruption un des piliers de sa campagne.
Il accuse l'ensemble de l'opposition de faire partie d'une vaste conspiration d'anciens communistes, d'hommes d'affaires et de libéraux qui agit contre le bien de la Pologne.
Le PiS peut se vanter d'une économie florissante, avec une croissance supérieure à 6% en moyenne annuelle et une forte baisse du chômage, même si tous les experts s'accordent à dire que les frères Kaczynski n'y sont pour rien.
L'opposition attaque violemment le bilan des jumeaux.
Elle leur reproche d'avoir divisé les Polonais, par exemple en tentant sans succès d'examiner à la loupe le passé de quelque 700'000 citoyens sous le communisme.
Elle estime aussi que les Kaczynski ont sérieusement détérioré l'image de la Pologne à l'étranger en cherchant sans cesse querelle avec l'UE et surtout avec son grand voisin, l'Allemagne.