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Duel américano-européen à l'ONU sur le retour des sanctions contre l'Iran

Les Etats-Unis veulent imposer, devant l'ONU, le retour aux sanctions contre l'Iran. [AFP - MIKE SEGAR]
Les Etats-Unis font pression pour rétablir les sanctions contre l'Iran. / Le Journal horaire / 26 sec. / le 21 août 2020
Les Etats-Unis ont formellement activé jeudi à l'ONU une procédure controversée pour réclamer le rétablissement d'ici un mois des sanctions internationales contre l'Iran.

Ils se sont toutefois immédiatement heurtés au refus catégorique de leurs alliés européens et des autres grandes puissances. Le ton est monté comme rarement entre les deux rives de l'Atlantique, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo allant jusqu'à accuser la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne d'avoir "choisi de s'aligner sur les ayatollahs" au pouvoir dans la République islamique.

En déplacement à New York, le secrétaire d'Etat a "notifié au Conseil de sécurité" des violations "notables" des engagements iraniens prévus par l'accord conclu à Vienne en 2015 pour empêcher Téhéran de se doter de l'arme nucléaire.

Mécanisme du "snapback"

Les Etats-Unis précisent déclencher ce mécanisme, dit "snapback", en tant que pays "participant" à l'accord de Vienne. La résolution du Conseil de sécurité qui l'avait entériné désignait en effet alors comme "participants" tous les signataires initiaux, c'est-à-dire les Etats-Unis, la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Iran.

Or le président américain Donald Trump ayant claqué la porte en 2018 de ce compromis international, la capacité de Washington à se prévaloir de ce statut est contestée sur le plan juridique par la plupart des autres pays, y compris ses alliés européens.

"Les Etats-Unis d'Amérique ont cessé d'être un participant" lors "de leur retrait de l'accord le 8 mai 2018", ont réagi Paris, Berlin et Londres dans un communiqué commun. "Nous ne pouvons donc pas soutenir cette initiative", ont-ils ajouté, soulignant vouloir toujours "préserver" l'accord signé il y a cinq ans et présenté à l'époque comme l'unique chance d'empêcher un Iran nucléaire.

Refus chinois et russe

La représentation chinoise à l'ONU a aussi estimé que les Etats-Unis étaient un pays "non participant" à l'accord et que la lettre de Mike Pompeo ne pouvait donc pas "être considérée comme une activation du snapback". Même son de cloche côté russe, où l'on considère le "snapback" comme "inexistant".

La notification américaine "est nulle et non avenue", a tranché sur Twitter le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, constatant que tous les autres signataires de 2015 étaient sur la même ligne.

Donald Trump, qui juge l'accord sur le nucléaire iranien "désastreux" et promet d'en obtenir un "meilleur" en exerçant une "pression maximale" sur Téhéran, a déjà rétabli et même durci toutes les sanctions américaines. En riposte, les autorités iraniennes ont commencé à revenir sur leurs engagements nucléaires, notamment en termes d'enrichissement d'uranium.

agences/jpr

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Israël soutient la démarche américaine

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué la procédure engagée jeudi à l'ONU par les Etats-Unis pour rétablir les sanctions internationales qui visaient l'Iran avant l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien et a appelé les puissances mondiales à soutenir Washington.

"C'est la bonne décision", a-t-il dit dans un communiqué, quelques heures après que les Etats-Unis ont formellement soumis à l'ONU une plainte sur le non-respect par Téhéran de l'accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien.