"La junte a affirmé qu'elle souhaite faire une transition de trois ans pour revoir les fondements de l'Etat malien. Cette transition sera dirigée par un organe présidé par un militaire, qui sera en même temps chef de l'Etat", a indiqué à l'AFP une source au sein de la délégation de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), à l'issue du deuxième jour de négociations avec la nouvelle équipe au pouvoir à Bamako.
Libération du président déchu
Selon la même source de la Cédéao, la junte a donné son accord pour "libérer le président Keïta", qu'elle détient depuis le coup d'Etat de mardi, "qui pourra repartir à son domicile" de Bamako. "Et s'il souhaite voyager pour des soins, il n'y a pas de problème", a-t-elle précisé.
Quant au Premier ministre Boubou Cissé, arrêté en même temps que le président Keïta et détenu dans le camp militaire de Kati, dans la banlieue de la capitale, "nous avons obtenu de la junte qu'elle accepte qu'il soit dans une résidence sécurisée à Bamako", a ajouté ce responsable ouest-africain.
Le président "IBK" avait été contraint d'annoncer sa démission dans la nuit de mardi à mercredi après avoir été arrêté par des militaires. Samedi, plusieurs envoyés de la Cédéao ont pu rencontrer le chef d'Etat déchu.
Volonté d'aller de l'avant
Auparavant, les envoyés de la Cédéao avaient été reçus pendant une trentaine de minutes par les membres du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) mis en place par la junte, dont le nouvel homme fort du pays, le colonel Assimi Goïta.
Les pays voisins du Mali, réunis en Sommet extraordinaire, avaient réclamé jeudi le "rétablissement" du président Keïta et décidé d'envoyer cette délégation à Bamako.
Elu en 2013 et réélu en 2018, le président Keïta était fortement contesté dans la rue, à l'appel d'un mouvement d'opposition hétéroclite qui réclamait sa démission. Dénoncé par la communauté internationale, le coup d'Etat militaire n'a suscité aucune opposition notable à Bamako. Les Maliens ont repris leurs activités dès le lendemain du putsch et la télévision nationale, l'ORTM, poursuit ses programmes.
afp/jpr
Déjà un président chassé en 2012
En mars 2012, alors que les rebelles touareg avaient lancé une offensive majeure dans le nord du Mali, des soldats s'étaient déjà mutinés contre l'inaptitude du gouvernement à faire face à la situation et avaient chassé le président Amadou Toumani Touré.
Mais le coup d'Etat avait précipité la chute du Nord du Mali aux mains de groupes islamistes armés, jusqu'à ce qu'ils en soient en grande partie chassés par une intervention militaire internationale lancée par la France en janvier 2013, toujours en cours.
L'incapacité de l'Etat malien à contrôler de vastes parts de son territoire dans le Nord et le centre a été dénoncée pendant des mois par les opposants au président Keïta. Les putschistes ont également justifié leur intervention notamment par l'insécurité régnant dans le pays et par le manque de moyens de l'armée.
afp/jpr