"Nous sommes au bord de la catastrophe nationale, c'est sans
précédent", a affirmé dimanche matin le porte-parole des pompiers,
Nikolaos Diamantis, tandis que tout le pays a été placé depuis la
veille en état d'urgence et que les premiers renforts envoyés par
la communauté internationale commençaient à arriver.
Olympie épargnée
Après la proclamation samedi d'un deuil national de trois jours,
l'annonce par le ministère de la Santé de deux nouveaux décès a
porté le bilan à 61 morts, dont au moins sept enfants. Toutes ces
personnes ont péri dans le Péloponnèse, dans le sud du pays.
Les flammes ravageant la péninsule menaçaient les abords de
Kalamata et de Pyrgos. Le prestigieux site d'Olympie, classé par
l'Unesco au Patrimoine mondial de l'humanité, a été épargné in
extremis après avoir été entouré par les flammes en milieu de
journée.
Des habitations du village d'Olympie ont brûlé, mais le nouveau
musée archéologique a été sauvé et les flammes n'ont pas pénétré
dans le site antique. Le sanctuaire d'Olympie, dédié à Zeus,
accueillit les Jeux antiques de l'an 776 avant J-C jusqu'au IVème
siècle de l'ère moderne.
Renforts internationaux
Un millier de pompiers, assistés de 425 soldats et de 16 avions
et hélicoptères luttaient dans la région, espérant mettre à profit
une relative accalmie au niveau du vent et l'aide des premiers
renforts étrangers: quatre bombardiers d'eau Canadair et 60
sapeurs-pompiers français, 30 pompiers chypriotes et un appareil
italien.
Des avions et des hélicoptères fournis par la Serbie, Israël, la
Slovénie, l'Espagne, la Roumanie, l'Allemagne, la Norvège, la
Suisse (voir ci-contre) et l'Islande étaient aussi
attendus dans la journée.
Villages évacués
Les habitants et estivants de la zone, où une quarantaine de
villages ont été évacués, ont afflué sur les côtes et les plages.
Les autorités ont prévu un millier de tentes. Des aides financières
et au logement ont aussi été promises. Les habitants et vacanciers
du sud-ouest de l'île d'Eubée (nord-est d'Athènes) vivaient le même
calvaire, cernés par les flammes toujours incontrôlées.
En début d'après-midi, de nouveaux incendies se sont déclarés dans
le département de Phthiotide, dans le centre du pays. Les feux de
forêt qui ravagent le pays figurent d'ores et déjà parmi les plus
meurtriers depuis celui d'octobre 1871 à Peshtigo, dans le
Wisconsin, aux Etats-Unis (entre 800 et 1200 morts).
afp/cab
Les incendies et les secours font débat
Les Grecs s'interrogent sur les causes des incendies et la polémique enfle sur l'efficacité des services des pompiers et la lourdeur du bilan en vies humaines.
Le Premier ministre conservateur Costas Caramanlis a soulevé samedi la thèse d'un plan organisé d'incendiaires, estimant "que tant de feux aient éclaté en même temps dans tant d'endroits, ne peut être le fait du hasard".
La thèse de l'origine criminelle est également reprise par de nombreux médias, dans un pays où la spéculation immobilière sauvage est régulièrement rendue responsable de la destruction des forêts par des feux en période estivale.
Dix personnes, soupçonnées d'incendie volontaire ou de négligence, ont été arrêtées depuis vendredi.
Alors que des élections anticipées sont prévues le 16 septembre, le chef de l'opposition socialiste Georges Papandréou a quant à lui accusé le gouvernement "de manque de coordination, d'incurie, d'inefficacité et de négligence criminelle".
La Suisse s'engage
Dès lundi matin, trois Super Pumas quitteront la Suisse et un quatrième décollera du Kosovo, a indiqué dimanche le Département fédéral de la défense et de la protection de la population.
Les hélicoptères dépêchés par la Suisse resteront en Grèce «probablement» jusqu'à la fin de la semaine. Ils seront équipés de réservoirs d'eau d'une capacité de 2500 litres par appareil.
Aucun ressortissant suisse ne fait partie de la cinquantaine de victimes dénombrées en Grèce. Berne suit la situation en permanence à partir de sa représentation à Athènes.