La visite de Mike Pompeo, la première d'un chef de la diplomatie américaine au Soudan depuis celle de Condoleezza Rice en 2005, est la deuxième étape d'une tournée au Moyen-Orient destinée à convaincre des pays arabes de suivre l'exemple des Emirats arabes unis et de normaliser les liens avec Israël.
Le secrétaire d'Etat, dont le pays est un grand allié d'Israël, est arrivé au Soudan à bord du premier vol officiel direct entre Tel-Aviv et Khartoum. Il s'est ensuite rendu à Bahreïn.
"Deux pays techniquement en guerre"
Le Soudan et Israël n'ont jamais entretenu de relations diplomatiques. Ils sont même techniquement en guerre et, durant les 30 ans de pouvoir d'Omar el-Béchir, le Soudan a accueilli des islamistes radicaux, dont le chef d'Al-Qaïda Oussama ben Laden. C'est d'ailleurs pour punir le Soudan de ses mauvaises fréquentations que les Etats-Unis lui ont imposé des sanctions à partir des années 1990 et l'ont placé sur leur liste des pays soutenant le terrorisme.
Depuis le départ d'Omar el-Béchir en avril 2019 sous la pression d'une contestation populaire, de nouvelles autorités de transition sont en place à Khartoum avec l'objectif de préparer des élections générales.
"La phase de transition au Soudan est dirigée par une large coalition avec un agenda spécifique visant à achever le processus de transition et à instaurer paix et stabilité, jusqu'aux élections libres (en 2022). Le gouvernement de transition n'a pas de mandat au-delà de ces tâches pour décider de la normalisation avec Israël", a déclaré le Premier ministre Abdallah Hamdok, cité par le porte-parole du gouvernement.
Echec de la diplomatie américaine
"C'est un échec pour les Américains qui pensaient pouvoir contraindre un pays pauvre et fragile comme le Soudan à normaliser ses relations avec Israël, mais le gouvernement soudanais a réagi avec sagesse", a estimé Marc Lavergne, directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
Le Soudan "est déjà assez divisé pour ne pas en rajouter encore avec cette normalisation qui ne fait pas consensus. Le Soudan a d'autres chats à fouetter avec tous les problèmes qu'il a sur le dos", a-t-il dit, en allusion à la grave crise économique, les conflits avec différents groupes rebelles et les conflits tribaux.
ats/ther