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Le ministre chinois des Affaires étrangères en tournée européenne pour redorer le blason de Pékin

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi. [Keystone - EPA/Massimo Percossi]
Le ministre chinois des Affaires étrangères en tournée européenne / La Matinale / 2 min. / le 26 août 2020
"Ne vous laissez pas entraîner dans une nouvelle guerre froide", tel est le message adressé à l'Europe par Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, qui a entamé par l'Italie une tournée de sept jours sur le Vieux continent.

En visite officielle à Rome, il s'est entretenu mardi avec son homologue Luigi Di Maio. Il s'agit du premier déplacement à l'étranger du chef de la diplomatie chinoise depuis le début de la pandémie de Covid-19. Les Pays-Bas, la Norvège, la France et l'Allemagne figurent également au programme de ce voyage dont l'objectif pour Pékin est avant tout de limiter les dégâts.

Sous le feu des critiques

De plus en plus isolé sur la scène internationale, Pékin est sous le feu des critiques en Europe également. Sa gestion sanitaire opaque au début de la pandémie de coronavirus, son assaut institutionnel à Hong Kong – avec l'imposition de force d'une loi muselant toute contestation dans le territoire –, son oppression des minorités musulmanes au Xinjiang, pèsent lourdement sur ses relations extérieures. Le gouvernement chinois voit avec inquiétude l'Europe durcir le ton.

L'appel à résister aux logiques de guerre froide survient au moment où Pékin est aux prises avec Washington. L'administration américaine enjoint ses alliés historiques à redéfinir leurs relations avec l'Empire du Milieu. Or l'Europe n'a pas attendu ces appels du pied pour exprimer son mécontentement envers la Chine. Pointant la lenteur des réformes promises, les barrières persistantes imposées aux entreprises européennes désireuses d'accéder au marché chinois et les réticences de Pékin à se conformer aux règles du commerce international, Bruxelles qualifie depuis l'an dernier la Chine de "rivale systémique".

Si l'Union européenne a déclaré ne pas vouloir choisir son camp et développer sa propre relation avec la Chine, basée sur ses intérêts particuliers, les 27 ministres des Affaires étrangères du bloc ont récemment accepté le principe d'un dialogue bilatéral avec les Etats-Unis au sujet de leur rival commun. De son côté, Pékin s'inquiète de voir les Européens s'aligner sur les Américains. Elle voit d'un mauvais oeil une potentielle alliance transatlantique dont les contours prennent forme peu à peu sur le terrain technologique avec le risque d'exclusion de Huawei des réseaux de 5G occidentaux.

Exclusion de Huawei en question

Lors de sa tournée cette semaine, Wang Yi plaidera la cause du géant chinois des télécoms. Sa tâche promet d'être ardue au moment où de nombreux pays ont déjà fermé la porte à l'entreprise, accusée d'espionnage pour le compte du gouvernement chinois.

L'Autriche, la République Tchèque, le Danemark, la Pologne, la Slovénie et récemment le Royaume-Uni ont interdit toute collaboration avec Huawei. La France a drastiquement limité la participation du groupe dans son futur réseau, le marginalisant de fait. L'Italie pourrait elle aussi trancher de manière défavorable, tout comme l'Allemagne, appelée à se prononcer prochainement.

Conscient de la défiance croissante à son égard, Pékin se mobilise. La Chine espère capitaliser sur la complexité politique de la région, morcelée en une multitude de gouvernements aux intérêts parfois divergents. Les autorités chinoises espèrent donc apaiser les tensions et redorer leur blason. Un effort auquel participera Xi Jinping lui-même. Le président chinois devrait participer le mois prochain à un sommet extraordinaire avec les dirigeants de l'UE.

Michael Peuker/lan

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