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Mike Pence, un conservateur de choc au service de Donald Trump

Le vice-président américain Mike Pence photographié au premier jour de la convention du Parti républicain à Charlotte, en Caroline du Nord. [AFP - DAVID T. FOSTER III]
Le vice-président américain Mike Pence photographié au premier jour de la convention du Parti républicain à Charlotte, en Caroline du Nord. - [AFP - DAVID T. FOSTER III]
Quatre ans à la vice-présidence des Etats-Unis n'ont ébranlé ni sa loyauté à l'égard du président ni ses convictions. Mais en 2020 plus que jamais, Mike Pence incarne la caution morale du Parti républicain.

Il est là tel un roc, souvent dans l'ombre du président des Etats-Unis dont il est l'un des plus loyaux alliés. A 61 ans, Mike Pence rempile pour une deuxième campagne aux côtés de Donald Trump. Le style discret du républicain -qui fait rarement la une des journaux- tranche avec celui volontiers provocateur de l'occupant de la Maison Blanche. Alors qu'il doit s'exprimer mercredi dans le cadre de la convention du Parti républicain, le vice-président, homme à l'apparence calme, s'impose toujours plus comme le garant de certaines valeurs.

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"Je suis un chrétien, un conservateur et un républicain, dans cet ordre", telle est sa devise que les quatre dernières années passées au service de l'administration Trump n'ont pas démentie. Soutien indéfectible du président, il ne cesse de répéter à longueur de discours à quel point il savait - en 2016 - que Donald Trump saurait rendre sa grandeur à l'Amérique.

Quatre ans plus tard, il dresse un bilan positif de ces "quatre petites années" et a appelé dès les premières heures du rendez-vous républicain à prolonger l'aventure à la tête des Etats-Unis.

Des ambitions personnelles

D'après The Atlantic, Donald Trump se permet parfois de rappeler qu'il a sauvé la carrière de Mike Pence, qui risquait de ne pas être réélu dans son Etat, l'Indiana, au moment où il l'a choisi pour le ticket républicain en vue de la présidentielle. Aujourd'hui, "c'est à Mike Pence de voir ce qu'il peut faire pour éviter à Donald Trump une perte plus importante et maintenir en vie une ambition de longue date: remporter la présidence de son propre chef", relève le journal.

"Mike Pence espère que quatre ans de soumission à Trump élèveront son avenir politique", titre de son côté The Washington Post, alors que le New York Times file la métaphore: "Dans l'ombre de Trump, Mike Pence entrevoit 2024". Quoi qu'il arrive le 3 novembre face au ticket démocrate formé par Joe Biden et Kamala Harris, le Parti républicain n'échappera pas à un exercice d'introspection.

Le Parti républicain est devenu le véhicule par lequel Donald Trump avance sa célébrité, les intérêts économiques de son entreprise et de sa famille et son désir, constant, de voir son ego flatté

Françoise Coste, historienne

Avocat de profession, Mike Pence a bien compris cet enjeu, lui qui a siégé à la Chambre des représentants de 2001 à 2013, avant de devenir gouverneur de l'Indiana, puis vice-président. Homme du sérail, père de trois enfants, résolument favorable à l'invasion américaine en Irak et soutien inconditionnel à Israël, il apparaît volontiers lors des manifestations "pro-Life", anti-avortement, organisées aux Etats-Unis, et ne fait pas grand mystère de son homophobie. A la tête de son Etat, Mike Pence s'est principalement fait remarquer en soutenant une loi qui autorise les entreprises à refuser des services commerciaux dans le cadre de mariages homosexuels et en tentant d'empêcher l'installation de réfugiés syriens.

Un Parti républicain divisé

Pendant toutes ces années, ses prises de position n'ont pas changé et c'est cette stabilité, ce parcours politique modèle et sa foi que les électeurs républicains -ou du moins la partie d'entre eux plus critiques envers Donald Trump- plébiscitent. Au fond, Mike Pence incarne le Parti républicain "à papa"; ce qu'il était avant d'entamer sa mue et de se diviser.

"On peut dire qu'il y a trois groupes: d'un côté les intellectuels qui ont quitté le navire, mais ils sont peu nombreux, de l'autre, la base inconditionnelle au président et puis, il y a tous ceux, majoritairement issus de l'establishment républicain à Washington DC qui ne sont pas réellement pro-Trump mais qui sont bien contents de bénéficier de son leadership, d'avoir un président qui tient la Maison Blanche et qui avance leurs intérêts sur des questions clés que sont la fiscalité et la nomination de juges conservateurs, en particulier à la Cour suprême, en particulier sur la question de l'avortement", détaille Françoise Coste.

>> Retour sur l'évolution du Parti républicain dans Forum :

L’évolution du parti républicain avec Donald Trump: interview de Françoise Coste
L’évolution du parti républicain avec Donald Trump: interview de Françoise Coste / Forum / 5 min. / le 24 août 2020

Mike Pence est de ceux-là, même si cela ne l'empêche pas d'être un peu populiste au détour de certains discours, se retranchant derrière des figures historiques du Parti républicain. "Comme Ronald Reagan l'a dit, nous sommes fatigués de nous faire dicter par une petite élite intellectuelle installée dans une lointaine capitale comment planifier nos vies alors que nous pouvons le faire nous-mêmes. Donald Trump a compris cela et il comprend le peuple américain", déclarait-il lors de sa nomination en 2016.

Sauf surprise - mais les surprises, ce n'est pas tellement son genre- Mike Pence devrait livrer mercredi un discours flatteur pour Donald Trump. Et pour faire oublier les dizaines de milliers de morts que la pandémie de Covid-19 a fait aux Etats-Unis, en partie à cause de la gestion politique de la crise sanitaire, l'actuel vice-président a déjà commencé à fourbir ses armes. La stratégie? La même que celle du camp Trump depuis le début de la convention des républicains à Charlotte, en Caroline du Nord: dégommer la partie adverse et relancer la chasse aux sorcières.

"Nous savons tous que Joe Biden et le Parti démocrate ont été pris d'assaut par la gauche radicale, et compte tenu de leurs promesses de hausse des impôts, d'ouverture des frontières, de médecine socialiste et d'avortement à la demande, il n'est pas surprenant qu'il ait choisi la sénatrice Kamala Harris comme colistière", assurait-il le 11 août devant un parterre de militants. Le ton est donné. Quant à sa rivale, Mike Pence lui a donné rendez-vous au débat prévu le 7 octobre dans l'Utah. A n'en pas douter, il y aura quelques étincelles.

Juliette Galeazzi

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