Olga Kolvakova, principale représentante encore sur place de la candidate d'opposition Svetlana Tsikhanouskaïa, elle-même réfugiée en Lituanie, et Sarhei Dyleuski, meneur des grèves dans l'une des plus grandes usines du pays, dans la capitale Minsk, ont comparu devant deux tribunaux séparés au lendemain de leur interpellation mais ont écopé de la même peine.
Ils sont tous les deux membres du Conseil de coordination de l'opposition, structure mise en place la semaine dernière avec pour objectif affiché de négocier un transfert du pouvoir et qui fait l'objet d'une enquête pénale.
Svetlana Aleksievitch refuse de témoigner
Un autre membre du conseil, Pavel Latouchko, ancien ministre de la Culture, a été interrogé mais pas arrêté mardi.
Egalement membre de ce conseil qui compte des dizaines de membres, l'écrivaine biélorusse Svetlana Aleksievitch, lauréate du prix Nobel de littérature, a été convoquée pour un interrogatoire mercredi. A sa sortie, elle a expliqué avoir refusé de répondre aux questions des enquêteurs biélorusses.
"Je ne me sens coupable de rien", a-t-elle souligné, en assurant que le "conseil de coordination" n'a "pas d'autres objectifs que de consolider la société". L'écrivaine, qui a remporté le prix Nobel en 2015, avait déjà dit à son arrivée au Comité d'enquête que l'action des opposants était "absolument légitime".
Traités de "rats"
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté mardi devant le ministère de l'Education pour protester contre la menace d'Alexandre Loukachenko de licencier tous les enseignants qui ne soutiendraient pas son gouvernement.
Alexandre Loukachenko, qui dirige la Biélorussie d'une main de fer depuis 26 ans et a été réélu le 9 août au terme d'un scrutin considéré comme truqué par l'opposition, a traité les manifestants de "rats" et les a accusés de recevoir des soutiens financiers de l'étranger.
"Pas de volonté de s'éloigner de la Russie"
Interrogée mercredi dans La Matinale, la chercheuse Anna Colin Lebedev, maîtresse de conférences à Paris-Nanterre, spécialiste des sociétés post-soviétiques, estime que la critique d'Alexandre Loukachenko sur le fait que les opposants veulent jeter le pays dans les bras de l'Occident est "totalement instrumentale".
"La revendication des coordinateurs du mouvement est l'instauration d'un régime démocratique. Il n'y a pas de dimension géopolitique dans leur demande, ni de volonté de s'éloigner de la Russie", explique-t-elle sur l'antenne de la RTS.
Anna Colin Lebedev est aussi revenue sur la mouvement de protestation en soi. Selon elle, il prend de l'ampleur et touche toutes les couches de la société bélarusse. "C’est un mouvement qui a été massif dès l’élection présidentielle, et qui le devient de plus en plus. Le spectre de Biélorusses rejoignant la contestation est de plus en plus large: personnes jeunes et plus âgées; Minsk et villes de provinces; milieux urbains et ruraux".
jfe avec reuters