"Les tirs ont entraîné la mort de deux personnes et une troisième personne a été hospitalisée pour des blessures graves mais qui ne mettent pas sa vie en danger", a annoncé la police de Kenosha sur Twitter, sans donner davantage d'informations sur le profil du tireur activement recherché ou des victimes. Un jeune homme de 17 ans a été arrêté mercredi.
Selon le New York Times, les tirs ont éclaté lors d'une confrontation entre des manifestants et un groupe d'hommes armés. Des membres de milices armées patrouillaient dans la ville pour protéger des édifices d'éventuels actes de vandalisme commis par les protestataires.
Adolescent interpellé
Un adolescent de 17 ans, habitant le village voisin d'Antioch, à une trentaine de kilomètres, est soupçonné d'être l'auteur des tirs et a été interpellé mercredi en vue de son inculpation pour meurtre, a annoncé la police locale sans donner plus de détails.
Selon les médias locaux, il a été vu en présence d'hommes armés qui se présentent comme des "milices" ou des "groupes d'autodéfense", désireux de protéger la ville. Le shérif du comté David Beth a confirmé leur présence dans le secteur, sans préciser si le tireur appartenait à ces groupes.
Les violences ont éclaté dans cette ville de l'Etat septentrional du Wisconsin alors que des centaines de manifestants ont défilé pour la troisième soirée d'affilée, malgré l'imposition d'un couvre-feu, pour réclamer des comptes après la diffusion d'une vidéo montrant Jacob Blake, un Afro-américain de 29 ans grièvement blessé par des tirs policiers et probablement paralysé à vie.
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Appel au calme
La colère a aussi gagné les rues de Minneapolis, la ville où George Floyd est mort le 25 mai et lieu de départ du mouvement historique contre le racisme, dans lequel les Etats-Unis sont plongés depuis trois mois.
Plus tôt mardi, la mère de Jacob Blake avait lancé un appel au calme, les autorités redoutant de nouvelles manifestations tendues à travers les Etats-Unis.
Les deux policiers impliqués ont été suspendus de leurs fonctions et une enquête a été ouverte.
Un situation qui pourrait profiter à Donald Trump
Les démocrates ont intégré les revendications du mouvement Black Lives Matter (#BLM): Joe Biden et Kamala Harris comptent sur les voix afro-américaines. En revanche, Donald Trump dénonce les protestations, évoque des actes de pillage et les "anarchistes radicaux" qui ont envahi les rues américaines.
Cette semaine, lors de la Convention républicaine, le président américain a continué de porter un message de fermeté face aux manifestations: le président "de la loi et de l'ordre" – une référence à Richard Nixon.
A Kenosha, les milices, les citoyens armés qui patrouillent en ville, se sentent sans doute légitimés et soutenus par le président. A l'approche de l'élection, Donald Trump semble attiser cette violence. Beaucoup de supporters du président parlent du chaos, de l'anarchie qui leur fait peur, et qui va les pousser à voter pour le sortant.
Le président américain n'a pas un intérêt immédiat à faire baisser les tensions. Romain Huret, historien spécialiste des Etats-Unis, explique dans Forum que l'élection pourrait se retrouver "polarisée autour des questions raciales et du thème de la loi et de l'ordre, qui est très cher à Donald Trump".
Dans ce "contexte extrêmement flou d'un point de vue électoral et politique", comme le dit Romain Huret, il est difficile de dire si le président sortant pourrait tirer profit de ce qui vient de se passer dans le Wisconsin: "Il est certain que Donald Trump a choisi d'en faire un événement important et de l'utiliser à des fins électorales".
sjaq avec agences