L'administration du président George W.Bush prévoit d'établir
une section d'intérêts diplomatiques similaire à celle dont les
Etats-Unis disposent à Cuba, affirme le quotidien britannique sans
identifier ses sources.
L'Iran et les Etats-Unis n'ont plus de relations diplomatiques
depuis 1980, date à laquelle des étudiants islamistes avaient
pénétré dans l'ambassade américaine et retenu en otage des
diplomates américains pendant plus d'un an. C'est la Suisse qui
représente les intérêts de Washington à Téhéran.
Entretiens à Genève
Un responsable du département d'Etat a reconnu le mois dernier
que des officiels américains envisageaient la possibilité d'ouvrir
une section d'intérêts à Téhéran. "Je sais que le sujet a été
abordé", a-t-il indiqué, en s'exprimant sous réserve de l'anonymat.
"Je ne sais pas à quel degré cette possibilité est envisagée",
a-t-il cependant ajouté.
L'information du Guardian intervient au lendemain de l'annonce
faite par le président Bush selon laquelle le numéro trois du
département d'Etat, William Burns, participera aux entretiens sur
le dossier nucléaire iranien samedi à Genève.
William Burns va participer à Genève aux entretiens entre le
diplomate en chef de l'Union européenne, Javier Solana, des
diplomates d'Allemagne, France, Grande-Bretagne, Chine et Russie,
et le négociateur iranien Saïd Jalili. Un changement de cap est en
train de s'opérer au sein de l'administration Bush, selon plusieurs
analystes (lire ci-contre).
afp/ant
Changement de cap?
L'administration Bush semble devenir plus pragmatique et s'éloigner de sa vision d'un "Axe du mal", selon des analystes.
"C'est un spectaculaire retournement pour l'administration Bush. Cela est similaire au tournant effectué en 2006 avec les Nord-Coréens," a déclaré un expert en non-prolifération nucléaire, Joseph Cirincione.
"Depuis le début de l'administration (Bush), il y a eu une lutte entre les pragmatiques qui voulaient négocier avec la Corée du Nord et l'Iran et les irréductibles qui tentaient de renverser ces régimes," relève-t-il. "Les pragmatiques ont finalement gagné sur la Corée du Nord ces dernières années, et désormais leur position semble prévaloir concernant l'Iran".
L'administration Bush a réalisé que sa stratégie consistant à poser des préalables était "contre-productive et n'avait fait qu'aggraver la situation", a souligné de son côté Trita Parsi, président du National iranian american council, basé à Washington.
Parallèlement, les membres plus intransigeants de l'administration "s'en vont peu à peu, laissant la place à des diplomates de carrière qui commencent à mener la danse.".
Trita Parsi a salué l'initiative américaine, tout en doutant que Téhéran accepte de négocier une suspension totale de son programme d'enrichissement d'uranium.