"Notre présence logistique massive, nos nombreuses installations
et la quantité de personnel sur place envoient un message de
'permanence' d'une force d'occupation. Il est nécessaire de donner
l'impression inverse, une impression plus légère, moins massive",
indique ce rapport, rédigé par une commission présidée par le
général à la retraite James Jones, ancien commandant des forces
américaines en Europe.
Réduire la présente américaine
"Nous recommandons que soit reconsidérée la taille de notre
présence nationale en Irak", conclut le rapport, sans toutefois
suggérer de calendrier. "Je pense qu'une date limite de cette
importance irait à l'encontre de notre intérêt national", a fait
valoir James Jones lors d'une audition devant une commission
sénatoriale.
Ce rapport, consacré pour l'essentiel à l'évaluation des forces de
sécurité en Irak, insiste parallèlement sur le fait que l'armée et
la police nationales "ne seront pas prêtes à assumer pleinement
leur mission de façon indépendante avant 12 à 18 mois".
"Armée et police ont accompli des progrès inégaux", selon la
commission. Si "leur capacité à assurer la sécurité intérieure
devrait constamment progresser", "les forces irakiennes ne seront
pas capables de protéger leurs frontières à court terme", souligne
le rapport.
Concernant l'armée irakienne, la commission se montre optimiste et
la dit "capable d'assumer de plus en plus de responsabilités à la
place des forces de la coalition", malgré "les sévères déficiences
de son soutien logistique".
Police irakienne décriée
Le rapport est beaucoup plus sévère avec la police irakienne,
rongée par la corruption et les divisions confessionnelles, et
suggère son démantèlement. La police nationale, qui compte 26'000
membres, "s'est révélée opérationnellement inefficace", et "n'est
pas viable dans sa forme actuelle", martèle le rapport, qui dénonce
également les dysfonctionnements du ministère de l'Intérieur dont
dépend la police, et qui n'"a de ministère que le nom".
La remise à plat de la police irakienne ne fait pas l'unanimité.
Le Pentagone s'y est dit opposé mercredi, en faisant valoir que des
efforts étaient en cours pour améliorer ses performances en dépit
d'un "problème de divisions confessionnelles".
Ce nouveau document sur l'Irak alimente le débat sur la situation
en Irak et sur un début de désengagement des troupes américaines,
réclamé par les démocrates. "Il est décourageant que le président
se borne à affirmer que sa politique fonctionne, alors que les
derniers rapports décrivent des forces de sécurité irakiennes plus
occupées à alimenter la guerre civile qu'à la supprimer", a déclaré
jeudi le chef de file des démocrates au Sénat, Harry Reid.
afp/nr
Autre rapport très attendu
Le GAO, organe de contrôle de l'action gouvernementale par le Congrès, avait remis mardi un rapport stipulant que le gouvernement irakien n'avait pas atteint 11 des 18 objectifs fixés par les parlementaires américains en termes de progrès militaires et politiques.
Les 10 et 11 septembre, le général David Petraeus, commandant de la force multinationale en Irak, et l'ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, Ryan Crocker, doivent donner au Congrès leur propre évaluation de la situation.
Leurs témoignages seront suivis d'un rapport sur l'Irak de l'administration Bush, qui devrait être remis aux parlementaires d'ici le 15 septembre.
Sondage: majorité pour un retrait US
Les deux tiers en moyenne de la population d'une vingtaine de pays engagés ou non en Irak souhaitent un retrait des troupes américaines sous douze mois, indique un sondage de la BBC World Service publié vendredi.
Dans 19 des 22 pays qui ont fait l'objet de l'enquête, une majorité se dit favorable à un retrait américain. Aux Etats-Unis, 61% sont pour un rapatriement des troupes d'ici douze mois, et 24% immédiatement. Des majorités semblables se dégagent dans les pays participant aux opérations en Irak: Royaume-Uni (65%), Corée du Sud (63%) et Australie (63%).
Parmi les pays qui ne sont pas engagés en Irak, la France est un des plus fervents partisans d'un retrait, avec 75%. Seuls trois pays ne réunissent pas de majorité en faveur d'un retrait: les Indiens (17%), les Philippins (44%) et les Kenyans (45%).