Une vingtaine d'avocats ont été blessés et une vingtaine
interpellés. Au moins deux d'entre eux, ainsi qu'un journaliste,
présentaient des blessures sanguinolentes à la tête.
Au siège de la commission électorale
Les avocats, qui sont à la pointe de la contestation à laquelle
fait face depuis six mois le général Musharraf, voulaient se rendre
devant le siège de la commission électorale, en plein centre
d'Islamabad, qui examine samedi les candidatures au scrutin
présidentiel.
Mais la police en tenue anti-émeutes, massivement déployée, avait
bouclé le quartier et a chargé les manifestants, qui hurlaient en
anglais "Va-t'en, Musharraf, va-t'en !" Certains avocats, dans leur
costume noir de travail, sont apparus à la télévision la tête en
sang.
Les affrontements se sont poursuivis pendant au moins 90 minutes.
Deux journalistes de la chaîne de télévision indépendante ARY ont
été blessés, et selon la correspondante Asma Shera, ils ont été
visés délibérément. Il s'agit de la première manifestation depuis
le début de la répression contre l'opposition, il y a une
semaine.
Candidature acceptée
Au lendemain de la décision de la Cour suprême, qui avait rejeté
les recours contre la candidature du président sortant, la
Commission électorale, pourtant peu suspecte de sympathie à l'égard
de Pervez Musharraf qu'elle malmène depuis six mois, l'a à son tour
validé.
L'opposition et l'ordre des avocats avaient introduit des recours
invoquant la Constitution qui, selon eux, interdit à Pervez
Musharraf de participer à l'élection s'il ne démissionnait pas, au
préalable, de ses fonctions de chef d'état-major des armées. Il
occupe ce rôle depuis qu'il a pris le pouvoir en octobre 1999 par
un coup d'Etat sans effusion de sang.
Le général Musharraf a promis d'abandonner ses fonctions de chef
des armées s'il sort vainqueur du scrutin de samedi prochain.
Musharraf, un allié-clé des USA
L'opposition et les avocats ont fait appel du jugement de la
Cour. "La brutalité du général Musharraf apparaît aux yeux du monde
entier", a estimé Aitzaz Ahsan, l'un des avocats les plus impliqués
dans la contestation. "Seuls les gouvernements aveugles des
Etats-Unis et de la Grande-Bretagne ne peuvent la voir", a-t-il
ajouté.
Le général Musharraf est un allié-clé des Etats-Unis dans leur
"guerre contre le terrorisme" et nombres d'analystes politiques
estiment qu'ils verraient son éviction du pouvoir d'un mauvais
oeil.
afp/bri
Négociation entre Musharraf et Bhutto
Washington soutient, de manière à peine voilée, une négociation en cours entre Pervez Musharraf et l'ancien Premier ministre en exil Benazir Bhutto pour un éventuel futur partage du pouvoir, avec Musharraf comme président et Bhutto comme Premier ministre.
Celui-ci apporterait à Pervez Musharraf le soutien de son influent parti aux élections législatives prévues pour début 2008. En effet, la victoire du sortant le 6 octobre au scrutin indirect du Parlement et des assemblées provinciales ne fait guère de doute. Mais il n'en va pas de même pour les législatives, au suffrage universel direct.
Cinq des 43 candidats approuvés
La Commission n'a approuvé que cinq des 43 candidats, dont les deux principaux rivaux de Musharraf:
L'ancien président de la cour suprême Wajihuddin Ahmed, présenté par des avocats.
Et Makhdoom Amin Fahim, vice-président du Parti du peuple pakistanais (PPP) de l'ancienne Première ministre Benazir Bhutto.
La liste officielle devait être rendue publique plus tard samedi.