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Scandale en France après un article dépeignant une députée en esclave

La députée de la France Insoumise Danièle Obono. [afp - Stéphane de Sakutin]
Une députée française en esclave dans Valeurs Actuelles: condamnations unanimes / Le Journal horaire / 29 sec. / le 29 août 2020
Un article de "politique fiction" du magazine conservateur Valeurs Actuelles dans lequel la députée Danièle Obono est dépeinte en esclave a suscité samedi une vague de condamnations en France. Tant le président que le Premier ministre ont vivement réagi.

Dans un récit de sept pages publié cette semaine, Valeurs Actuelles présente la députée de Paris Danièle Obono, à la peau noire, en train d'expérimenter "la responsabilité des Africains dans les horreurs de l'esclavage" au XVIIIe siècle. Des dessins de l'élue de la France Insoumise, collier en fer au cou, accompagnent ce "roman de l'été".

Dès vendredi, la députée avait évoqué sur Twitter une "merde raciste dans un torchon". "L'extrême-droite, odieuse, bête et cruelle. Bref, égale à elle-même", avait-elle ajouté. Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon s'était élevé contre un "harcèlement nauséabond" envers la députée.

Le magazine s'excuse

Dans un premier temps, Valeurs Actuelles a répondu aussi sur Twitter qu'il s'agit d'une "fiction mettant en scène les horreurs de l'esclavage organisé par des Africains au XVIIIème siècle", "terrible vérité que les indigénistes ne veulent pas voir".

Puis, sur BFMTV, Tugdual Denis, directeur adjoint de la rédaction du magazine, a fait amende honorable: "On comprend, avec la charge symbolique extrêmement violente de cette image, que Danielle Obono soit choquée. On s'excuse auprès d'elle à titre personnel".

"Si je l'avais en face de moi aujourd'hui, je lui dirais 'pardon, je suis désolé de vous avoir blessée'", a-t-il ajouté, assurant que son journal n'était "pas raciste". L'objectif était "de faire une fiction, certes complexe, certes tirée par les cheveux, peut-être mal venue, peut-être malaisante, mais jamais malveillante et jamais méchante", a-t-il affirmé.

De vives condamnations

Reste que cet article a soulevé une vague de condamnations samedi jusqu'au sommet de l'Etat. Le président Emmanuel Macron a ainsi appelé la députée pour lui faire part de sa "condamnation claire de toute forme de racisme", a indiqué l'Elysée.

Le Premier ministre Jean Castex a lui réagi sur Twitter: "Cette publication révoltante appelle une condamnation sans ambiguïté", a-t-il écrit, avant d'ajouter que "la lutte contre le racisme transcendera, toujours, tous nos clivages", a-t-il ajouté.

"Le racisme est un mal nocif. Il détruit. Il est un délit", a aussi rappelé la ministre déléguée à la Ville Nadia Hai sur le réseau social.

"On est libre d'écrire un roman nauséabond, dans les limites fixées par la loi. On est libre aussi de le détester. Moi je le déteste et suis (aux) côtés" de la parlementaire, a écrit pour sa part le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti.

Un responsable du Rassemblement national, Wallerand de Saint-Just, a aussi condamné la publication, "d'un mauvais goût absolu": "Le combat politique ne justifie pas ce type de représentation humiliante et blessante d'une élue de la République."

Le président de l'Assemblée Richard Ferrand (LREM) a critiqué une "ignoble représentation d'une parlementaire".

afp/boi

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