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Deux attentats en Algérie: bilan incertain

Les deux attentats à Alger ont fait plusieurs dizaines de morts
Les attentats d'Alger semblent porter la marque d'Al-Qaïda
Douze employés du HCR et du PNUD ont été tués dans un des deux attentats perpétrés mardi à Alger. Le bilan total reste incertain, le gouvernement faisant état de 26 morts et les hôpitaux de 67 victimes.

Parmi les fonctionnaires onusiens tués figureraient, trois
Asiatiques, un Danois et un Sénégalais. D'autres sources parlent de
5 morts et 14 disparus parmi les employés de l'ONU. Six personnes
ont en outre été retirées vivantes des décombres plusieurs heures
après les attentats.

Par ailleurs, une source médicale a indiqué que le nombre de
blessés, répartis sur plusieurs hôpitaux de la capitale, pourrait
atteindre 170, dont plusieurs grièvement atteints. Seuls une
trentaine d'entre eux sont toujours hospitalisés.

Deux attentats

Un des attentats à la voiture piégée a fait des victimes dans
les locaux du Haut commissariat des Nations unies aux Réfugiés,
ainsi que du Programme des Nations Unies pour le développement dans
le quartier résidentiel de Hydra. Cette zone où se trouvent
également les nouveaux sièges des ministères de l'Energie et des
Finances, ainsi que plusieurs chancelleries et résidences
diplomatiques.



L'autre attentat a visé le Conseil constitutionnel et la Cour
Suprême dans le quartier de Ben Aknoun. Plusieurs étudiants, qui se
trouvaient à bord d'un bus de transport universitaire heurté de
plein fouet par la voiture piégée, sont morts dans cette
déflagration.



Ces attentats sont le fait de voitures piégées dont une avec un
kamikaze à bord, selon le ministère de l'Intérieur.

Pas encore de revendication

Ces actes ont été revendiqués en début de soirée par la branche
nord africaine d'Al-Qaïda (ex-Groupe salafiste pour la prédication
et le combat). Un communiqué a été publié sur un site internet
islamiste. Peu avant, les autorités algériennes avaient annoncé que
ces attaques portaient la marque de ce groupement.



Al-Qaïda Maghreb avait déjà revendiqué un attentat du même genre,
en avril dans le centre d'Alger, ainsi que d'autres explosions à
l'est de la capitale, survenues au cours de l'été (voir
ci-contre)
.

Condamnations unanimes

La communauté internationale a vigoureusement déploré ces
attaques. Ban Ki-moon a condamné "dans les termes les plus fermes".
Nicolas Sarkozy, qui s'était rendu en Algérie la semaine dernière,
a "fermement condamné" ces deux attentats dans un entretien
téléphonique avec son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika. Il
les a qualifiés "d'actes barbares, odieux et profondément lâches"
et a exprimé "la solidarité et la compassion du peuple français à
l'égard du peuple algérien".



La commissaire européenne aux Relations extérieures Benita
Ferrero-Waldner a condamné les attentats commis mardi en Algérie,
en parlant d'"actes odieux contre des civils". Le gouvernement
espagnol a lui exprimé "sa consternation" et manifesté sa
"solidarité" et "renouvelle son engagement de collaboration et de
soutien dans la lutte contre le terrorisme". Londres a également
dénoncé "une effroyable atrocité".



La Maison Blanche a décrit les attentats comme des actes de
"violence insensée" et a affirmé sa solidarité avec les Algériens
et l'ONU. L'Afghanistan a lui aussi fermement condamné les deux
attentats et a appelé la communauté internationale à lutter
ensemble contre le terrorisme dont il est lui-même victime. La
Syrie s'est dit "choquée" et le Maroc a réitéré son soutien au
président Bouteflika.



agences/bri/boi

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Le terrorisme gagne du terrain

L'Algérie est confrontée à une recrudescence des violences depuis le ralliement en septembre 2006 du Groupe salafiste pour la prédication et le combat à Al-Qaïda.

30 octobre 2006: Deux attentats à la voiture piégée contre des commissariats dans la banlieue est d'Alger font 3 morts et 24 blessés. Revendiqués par le GSPC, devenu la Branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (BAQMI).

13 février 2007: Six personnes tuées en Kabylie dans sept attentats quasi simultanés à la bombe et à la voiture piégée, revendiqués par la BAQMI.

11 avril: Au moins 30 morts et plus de 200 blessés dans deux attentats quasi simultanés à Alger, l'un visant le Palais du gouvernement au centre-ville, et l'autre perpétré à l'aide de deux voitures piégées contre un commissariat de la banlieue est. Revendiqués par la BAQMI.

11 juillet: 10 militaires tués et 35 blessés à Lakhdaria (au sud-est d'Alger) dans une attaque-suicide perpétrée par un camion frigorifique chargé d'explosifs et lancé contre une caserne. Revendiqué par la BAQMI.

6 septembre: 22 morts et 100 blessés dans un attentat-suicide visant le cortège du président Abdelaziz Bouteflika à Batna. Revendiqué par la BAQMI.

8 septembre: 32 morts et 45 blessés dans un attentat-suicide à la voiture piégée contre une caserne de gardes-côte à Dellys, port de Kabylie à 70 kilomètres à l'est d'Alger. Revendiqué par la BAQMI.

La Suisse condamne

La Suisse a condamné "avec la plus grande fermeté" ces attentats "odieux". "Aucun motif ne saurait expliquer ou justifier" de tels actes, affirme le DFAE.

"Cet attentat est d'autant plus condamnable qu'il a manifestement voulu ravager également le siège local du HCR, institution internationale au service des personnes les plus démunies", ajoute le ministère.

Dans un message à Abdelaziz Bouteflika, Micheline Calmy-Rey a exprimé la solidarité du Conseil fédéral et de la population suisse à l'égard de "toutes celles et tous ceux qui sont frappés par cette lâche attaque".

"La Suisse rejette et combat toute forme de terrorisme. Elle attend et s'engage elle-même afin que tous les auteurs de tels crimes soient poursuivis et traduits en justice", conclut le texte.