Si Facebook met ses menaces à exécution, les Australiens n'auraient plus le droit de relayer sur Facebook ou Instagram des informations nationales ou internationales. La firme américaine affirme que cette décision est "la seule manière de se protéger contre une conséquence qui défie toute logique".
Le secrétaire australien au Trésor Josh Frydenbergs a aussitôt rejeté les "lourdes menaces" que fait peser Facebook, parlant même de "coercition". Rod Sims, le directeur de la Commission australienne de la concurrence et de la consommation (ACCC) qui a élaboré ce projet de loi, a qualifié cette menace d'"inopportune et mal conçue".
Code de conduite
Canberra a dévoilé fin juillet un projet de "code de conduite contraignant" qui obligerait les géants qui dominent l'internet, au premier rang desquels Google et Facebook, à rémunérer les médias australiens, en grande difficulté financière, pour leurs contenus.
"Le plus déroutant, c'est que cela obligerait Facebook à rémunérer les groupes de presse pour le contenu qu'ils placent volontairement sur nos plateformes et à un prix ignorant la valeur financière que nous leur apportons", déplore Will Easton, directeur général de Facebook dans la région.
Mardi, Facebook a informé les utilisateurs australiens d'une modification de ces conditions d'utilisation à compter du 1er octobre qui lui permettra de supprimer ou de retirer l'accès à des contenus "si cela s'avérait nécessaire pour éviter ou atténuer les conséquences juridiques ou réglementaires".
Google contre-attaque également
Google a également contre-attaqué en créant des "pop-ups" sur les moteurs de recherche affirmant "que la manière dont les Australiens utilisent Google est menacée" et en incitant les "youtubers" du monde entier à se plaindre auprès des autorités australiennes.
Google a déclaré que la mesure faisait fi des "millions de clics" que la firme dirige chaque année vers les éditeurs de presse australiens.
"Cela renvoie aux entreprises et investisseurs le message inquiétant que le gouvernement australien va interférer au lieu de laisser le marché fonctionner", a dit dans un communiqué une dirigeante de Google pour la région. "Cela ne résout en rien les défis fondamentaux liés à la création d'un modèle économique adapté à l'ère numérique", a ajouté Melanie Silva.
Ce projet de loi, qui devrait être adopté cette année, vise dans un premier temps les deux plus riches et puissantes firmes de la tech, Facebook et Google,mais pourrait à long terme s'appliquer à n'importe quelle plateforme numérique. Cette initiative est suivie de près à travers le monde à un moment où les médias souffrent dans une économie numérique où les revenus publicitaires sont de plus en plus captés par les géants du web.
AFP/KB