Donald Trump à Kenosha dans un contexte extrêmement tendu

"Nous allons les aider", a promis le président républicain durant sa visite en direction de commerçants devant un magasin brûlé de cette ville de Kenosha.

C'est dans cette ville du Wisconsin que Jacob Blake a reçu 7 balles dans le dos à bout portant lors d’une interpellation policière le 26 août. Le jeune Afro-Américain de 29 ans est aujourd’hui toujours à l’hôpital, paralysé.

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Mais, loin de tenir un discours d'apaisement, Donald Trump s'y déplace mardi dans le cadre d'une campagne qu'il axe sur les questions de sécurité, et lors de laquelle il répète régulièrement ce slogan: "law and order" (la loi et l’ordre, un slogan qui fait référence à la campagne de Richard Nixon en 1968). Et ce, malgré le fait que le gouverneur démocrate du Wisconsin lui ait demandé de reconsidérer son déplacement, par peur que la venue du président attise encore les tensions.

Soutien à la police et théories du complot

Le président américain se range en effet très clairement du côté des forces de police, et n'a pas prévu de rencontrer la famille de Jacob Blake durant son déplacement. Il a également défendu le jeune homme de 17 ans qui a abattu deux personnes et blessé une troisième cette semaine lors d’une confrontation entre miliciens armés et manifestants. Selon Donald Trump, le jeune homme a agi en état de légitime défense et aurait "probablement été tué" s'il n'avait pas tiré.

Donald Trump continue par ailleurs d’accuser Joe Biden et les démocrates de semer le chaos dans les villes américaines, touchant même parfois les théories du complot. Lundi soir lors d’une interview sur la chaîne de télévision Fox News, il affirmait que "ces émeutes sont contrôlées par des gens de l’ombre".

"Ce sont des gens qui contrôlent la rue. On a même eu des gens dans des avions, au départ de certaine villes ce week-end, presque entièrement remplis par ces voyous", a-t-il ajouté.

Bataille électorale

Le Wisconsin est au cœur de la bataille présidentielle. C'est l'un des swing state, ces Etats-clé avec un électorat des banlieues résidentielles que Trump et Biden se disputent.

Or, le président est en train de dépeindre une image apocalyptique d’un Amérique à feu et à sang si les démocrates prennent le pouvoir. Une démarche qui a certainement poussé son adversaire Joe Biden à suspendre sa campagne pour réagir. Lundi depuis Pittsburg, il a estimé que "la violence que nous voyons , c’est l'Amérique de Donald Trump."

"Il ne cesse de vous dire que si seulement il était président, vous vous sentiriez en sécurité. Eh bien, il est président, qu'il le sache ou non", a-t-il lancé. "Donald Trump est une présence toxique dans notre pays depuis quatre ans [...] Il empoisonne notre façon de nous traiter les uns les autres", a-t-il ajouté.

Jouer sur le terrain de la sécurité

Pour certains observateurs, la stratégie de Donald Trump consiste à faire glisser la campagne présidentielle sur la question sécuritaire, historiquement plus propice au camp républicain, afin d'éviter d'avoir à défendre son propre bilan, alors que l'économie post-pandémie va mal, et que son pays compte plus de 180'000 décès liés au Covid-19.

>> L'analyse dans Forum de Lauric Henneton, spécialiste de l'histoire et de la civilisation anglo-américaine :

Raphaël Grand/jop