A 63 jours de l'élection présidentielle américaine, les Etats-Unis apparaissent profondément divisés. D'un côté, cette apparente bavure policière, filmée, a ravivé la vague de protestation historique contre le racisme. De l'autre, le président américain affirme qu'une "majorité silencieuse" veut voir, avec lui, le rétablissement de "la loi et l'ordre", devenu le grand mot d'ordre de sa campagne de réélection.
Emblème des divisions traversant le pays, Donald Trump a salué les partisans qui l'applaudissaient au passage de son convoi présidentiel dans les rues de Kenosha, tandis que des manifestants du mouvement "Black Lives Matter" ("Les vies noires comptent") le huaient.
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"Je suis vraiment venu aujourd'hui remercier les forces de l'ordre", a déclaré Donald Trump dans cette ville du Wisconsin, un Etat appelé à jouer un rôle clé lors de la présidentielle du 3 novembre.
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"Terrorisme" et "émeutes anti-police et anti-américaines"
Décrivant des actes de vandalisme, le président américain a assuré: "Ce ne sont pas des actes de manifestations pacifiques mais vraiment du terrorisme intérieur". "Kenosha a été ravagée par des émeutes anti-police et anti-américaines", a-t-il jugé.
Plus tôt, le 45e président des Etats-Unis avait inspecté des bâtiments en ruines dans cette ville de 100'000 habitants près des Grands Lacs. "Nous allons les aider", a-t-il promis en direction de commerçants. "Ces hommes ont fait un travail formidable", a-t-il ajouté en désignant des policiers.
Mais il n'a pas mentionné spontanément Jacob Blake, cet Afro-Américain de 29 ans grièvement blessé de sept balles tirées vers lui à bout portant, devant ses enfants, pendant une interpellation à Kenosha le 23 août. Hospitalisé, il a la moitié inférieure du corps paralysée.
Interrogé par les journalistes, Donald Trump a admis qu'il n'avait pas pu parler à sa mère. "J'entends dire que c'est une femme très bien", a-t-il précisé.
Donald Trump "attise les braises"
Son rival démocrate à la présidentielle, Joe Biden, s'est lui entretenu la semaine dernière par téléphone avec les proches de Jacob Blake.
"Trump passe à côté une fois de plus, refusant de prononcer les mots que les habitants du Wisconsin et les Américains partout dans le pays avaient besoin d'entendre aujourd'hui venant de leur président: une condamnation de toutes les formes de violence, peu importe qui la commet", a dit Joe Biden dans un communiqué après la visite de Donald Trump.
"Trump ne peut pas se résoudre à condamner la violence qu'il attise lui-même", peut-on aussi lire dans le communiqué du candidat démocrate. Donald Trump "attise les braises" des débordements, avait-il déjà accusé lundi. "Il ne peut pas arrêter la violence car pendant des années il l'a fomentée".
Jouer sur le terrain de la sécurité
Pour certains observateurs, la stratégie de Donald Trump consiste à faire glisser la campagne présidentielle sur la question sécuritaire, historiquement plus propice au camp républicain, afin d'éviter d'avoir à défendre son propre bilan, alors que l'économie post-pandémie va mal, et que son pays compte plus de 180'000 décès liés au Covid-19.
Raphaël Grand/jop
Fortes tensions et plusieurs morts
A Kenosha, la tension avait culminé quand un jeune homme de 17 ans a tiré au fusil semi-automatique, dans des circonstances floues, sur trois manifestants, faisant deux morts. Son arrestation le lendemain a ramené un calme précaire dans la petite ville côtière du lac Michigan.
Donald Trump a refusé de condamner les actes de ce jeune homme. Selon les médias américains, il est un partisan du président, amateur d'armes, et s'était joint à des milices censées "protéger" Kenosha des émeutiers.
Dans ce contexte déjà tendu, un partisan d'un groupuscule d'extrême droite, nommé Patriot Prayer, a été tué par balle samedi à Portland à 39 ans.
Donald Trump a dénoncé mardi la mort de cet "homme pieux", "exécuté dans la rue".
A Los Angeles, des appels à manifester mardi ont été lancés pour dénoncer la mort d'un homme noir tué la veille par la police, qui affirme qu'il était armé d'un pistolet.