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Première journée du procès historique des attentats de Charlie Hebdo

Un croquis de salle d'audience réalisé lors de cette première journée d'audiences montre les quatorze accusés et leurs avocats, portant tous un masque de protection. [afp - Benoit Peyrucq]
Quel bilan pour le premier jour de procès des complices de la tuerie de Charlie Hebdo? / Forum / 3 min. / le 2 septembre 2020
Cinq ans après le choc des sanglantes attaques contre Charlie Hebdo et le magasin Hyper Casher, s'est ouvert devant les assises spéciales de Paris le procès tant attendu. Récit de cette première journée d'audiences à la fois technique et fastidieuse mais aussi tendue.

Une lecture de quatre heures a été nécessaire à la cour pour présenter les détails du dossier et rappeler les faits de cette semaine de janvier 2015 au cours de la quelle la France a basculé dans le terrorisme.

"Ce procès est nécessaire, indispensable même", expliquait l'ancien président français François Hollande dans le 19h30. Avant d'ajouter: "D'abord pour juger les accusés. Ensuite pour donner aux victimes, à leurs proches, toutes les informations sur ce qu'il s'est passé ce jour-là. Et enfin pour que nous puissions comprendre ce qu'est l'enchaînement du terrorisme islamiste".

>> Regarder l'interview complet de François Hollande dans le 19h30 :

François Hollande "Il n'est pas acceptable qu'une personne soit mise en cause pour sa croyance, mais on a le droit de blasphémer."
François Hollande "Il n'est pas acceptable qu'une personne soit mise en cause pour sa croyance, mais on a le droit de blasphémer." / 19h30 / 3 min. / le 2 septembre 2020

Qui sont les accusés?

Si les faits sont connus - la tuerie de Charlie Hebdo, la cavale des frères Kouachi, le meurtre de la policière municipale et la prise d'otage sanglante de l'Hyper Casher par Amedy Coulibaly -, les onze prévenus présents dans le box le sont moins.

Pour la plupart dans leur trentaine, ils ne sont pas des grandes figures du terrorisme, même les plaignants connaissent à peine leurs noms. A part deux cas présumés de complicité directe, ils sont poursuivis pour leur aide logistique. Certains appartiennent aux milieux criminels franco-belges, d'autres auraient un profil plus idéologique. La mission de la Cour sera de déterminer leur degré de connaissance du projet d'attentat. Tous nient avoir été au courant.

La grande frustration de ce procès, c'est l'absence des trois auteurs directs évidemment, tous morts, mais aussi l'absence de trois importants complices présumés dont Hayat Boumedienne, la compagne d'Amedy Coulibaly. Elle serait vivante et se trouverait quelque part entre l'Irak et la Syrie. Enfin, on ignore qui sont les véritables commanditaires. Mais il n'est vraiment pas dit que le procès permette de lever cette zone d'ombre.

Premier incident

Difficile de préjuger encore de la tonalité des débats car il s'agit encore de la phase préliminaire du procès. Mais un incident est déjà venu marquer cette première journée d'audiences. L'avocate de l'homme qui a le dossier le plus lourd a tenté, dès l'ouverture des débats, de soulever des points de procédure pour repousser le procès, en vain.

Connue pour son profil très politique, elle a au passage pointé du doigt les services de renseignements français qui n'auraient pas fait leur travail, selon elle, pour prévenir les crimes. Cette disciple de Jacques Vergès a déjà choqué les parties civiles.

Le procès doit durer jusqu'au 10 novembre. C'est surtout la parole des survivants et des proches des victimes qui est très attendue ces prochaines semaines.

>> Les enjeux du procès dans le 19h30 :

Enjeux du procès des attentats de janvier 2015 à Paris.
Enjeux du procès des attentats de janvier 2015 à Paris. / 19h30 / 1 min. / le 2 septembre 2020

Alexandre Habay/fgn

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Procès masqué sous tension

Patrick Klugman (à g.), avocat des victimes du supermarché casher Hyper Cacher, et le président du Conseil représentatif des institutions juives françaises (Crif) Francis Kalifat (à dr.): tous, sans exception, sont masqués. [keystone - Ian Langsdon]
Patrick Klugman (à g.), avocat des victimes du supermarché casher Hyper Cacher, et le président du Conseil représentatif des institutions juives françaises (Crif) Francis Kalifat (à dr.): tous, sans exception, sont masqués. [keystone - Ian Langsdon]

Le problème des masques obligatoires a été soulevé par plusieurs avocats de la défense comme par les parties civiles. Comment rendre justice au temps du Covid-19," qui plus est dans un procès filmé pour l’Histoire? "Vous jugez un homme dont vous ne voyez pas le visage", déplore l’une des avocates de la défense.

Pour l’instant, le président s’est montré intraitable sur cette règle sanitaire, même si certains avocats n’ont pas toujours obtempéré lors des prises de parole.