Une lecture de quatre heures a été nécessaire à la cour pour présenter les détails du dossier et rappeler les faits de cette semaine de janvier 2015 au cours de la quelle la France a basculé dans le terrorisme.
"Ce procès est nécessaire, indispensable même", expliquait l'ancien président français François Hollande dans le 19h30. Avant d'ajouter: "D'abord pour juger les accusés. Ensuite pour donner aux victimes, à leurs proches, toutes les informations sur ce qu'il s'est passé ce jour-là. Et enfin pour que nous puissions comprendre ce qu'est l'enchaînement du terrorisme islamiste".
Qui sont les accusés?
Si les faits sont connus - la tuerie de Charlie Hebdo, la cavale des frères Kouachi, le meurtre de la policière municipale et la prise d'otage sanglante de l'Hyper Casher par Amedy Coulibaly -, les onze prévenus présents dans le box le sont moins.
Pour la plupart dans leur trentaine, ils ne sont pas des grandes figures du terrorisme, même les plaignants connaissent à peine leurs noms. A part deux cas présumés de complicité directe, ils sont poursuivis pour leur aide logistique. Certains appartiennent aux milieux criminels franco-belges, d'autres auraient un profil plus idéologique. La mission de la Cour sera de déterminer leur degré de connaissance du projet d'attentat. Tous nient avoir été au courant.
La grande frustration de ce procès, c'est l'absence des trois auteurs directs évidemment, tous morts, mais aussi l'absence de trois importants complices présumés dont Hayat Boumedienne, la compagne d'Amedy Coulibaly. Elle serait vivante et se trouverait quelque part entre l'Irak et la Syrie. Enfin, on ignore qui sont les véritables commanditaires. Mais il n'est vraiment pas dit que le procès permette de lever cette zone d'ombre.
Premier incident
Difficile de préjuger encore de la tonalité des débats car il s'agit encore de la phase préliminaire du procès. Mais un incident est déjà venu marquer cette première journée d'audiences. L'avocate de l'homme qui a le dossier le plus lourd a tenté, dès l'ouverture des débats, de soulever des points de procédure pour repousser le procès, en vain.
Connue pour son profil très politique, elle a au passage pointé du doigt les services de renseignements français qui n'auraient pas fait leur travail, selon elle, pour prévenir les crimes. Cette disciple de Jacques Vergès a déjà choqué les parties civiles.
Le procès doit durer jusqu'au 10 novembre. C'est surtout la parole des survivants et des proches des victimes qui est très attendue ces prochaines semaines.
Alexandre Habay/fgn
Procès masqué sous tension
Le problème des masques obligatoires a été soulevé par plusieurs avocats de la défense comme par les parties civiles. Comment rendre justice au temps du Covid-19," qui plus est dans un procès filmé pour l’Histoire? "Vous jugez un homme dont vous ne voyez pas le visage", déplore l’une des avocates de la défense.
Pour l’instant, le président s’est montré intraitable sur cette règle sanitaire, même si certains avocats n’ont pas toujours obtempéré lors des prises de parole.