"On n'entend rien !", "le micro!", "pouvez-vous répéter?": les problèmes techniques ont parasité ce deuxième jour du procès historique des attentats de janvier 2015 à Paris, consacré à l'examen des personnalités des accusés.
Il faut dire qu'en raison du grand nombre d'acteurs - plus de 200 parties civiles, 100 avocats et 14 accusés - et du respect des règles de distanciation sociale imposées par le Covid-19, les débats sont diffusés en direct dans trois salles d'audience, en plus de l'auditorium réservé au public. Un handicap de plus pour l'organisation de ce procès hors norme, le premier en matière de terrorisme à être filmé pour l'Histoire.
Querelle sur le masque
Sans compter que dès l'ouverture du procès, ce mercredi, le président de la cour d'assises spéciale, Régis de Jorna, a rappelé l'obligation de porter en permanence un masque. Plusieurs avocats s'en sont émus, inquiets de voir cette mesure nuire à la défense des accusés. "Vous allez juger des hommes dont vous ne voyez pas le visage", a alors dénoncé Me Beryl Brown, qui défend l'un des accusés.
Cet argument a été retenu par la cour, qui a décidé d'autoriser les mis en cause et les avocats à enlever leur masque pour s'exprimer. Une décision regrettée par Me Christian Saint-Palais, autre conseil de la défense. "Si un seul de nous est contaminé, le procès sera suspendu", prévient-il.
Premiers interrogatoires
C'est dans ce contexte plutôt laborieux qu'ont donc eu lieu les interrogatoires de deux premiers accusés.
Le premier âgé de 36 ans est suspecté d'avoir recherché et transporté des armes pour les auteurs des attaques jihadistes de janvier 2015. Par le passé, il avait déjà été condamné pour trafic de stupéfiants et violences, mais jamais dans un dossier terroriste.
Dans son box vitré, il s'est dit innocent, assurant s'être "retrouvé dans cette histoire à cause de mauvaises fréquentations". "Pour moi, la religion ça n'a jamais été d'assassiner des gens", s'est-il défendu. Pour lui, l'islam a toujours été une religion de paix: "c'est comme ça que j'ai été éduqué". Son interrogatoire a été haché par une suspension d'audience et plusieurs interruptions techniques.
L'interrogatoire d'un deuxième suspect, âgé de 67 ans, a, lui, tourné court en milieu de journée. Après un énième problème de micro, le président a en effet pris la décision de suspendre l'audience.
afp/fgn