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Cambodge: Khieu Samphan arrêté et inculpé

Depuis 30 ans, Khieu Samphan vivait paisiblement à Païlin
Depuis 30 ans, Khieu Samphan vivait paisiblement à Païlin
L'ancien chef d'Etat khmer rouge Khieu Samphan a été arrêté lundi dès sa sortie de l'hôpital de Phnom Penh. Il a été placé en détention provisoire après avoir été inculpé pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

Khieu Samphan, 76 ans, a été "officiellement inculpé de crimes
contre l'humanité et crimes de guerre" lors de sa présentation
devant les juges d'instruction, selon Reach Sambath, un
porte-parole du tribunal parrainé par l'ONU.

Un peu plus tôt, il avait été arrêté à sa sortie de l'hôpital de
Phnom Penh. Des policiers l'avaient conduit jusqu'à une voiture de
police qui est aussitôt partie à vive allure dans un convoi d'une
demi-douzaine de véhicules.

Et revoilà maître Vergès

L'équipe chargée de la défense de Khieu Samphan comprendra
l'avocat français Jacques Vergès, selon un communiqué du tribunal.
Dans un entretien accordé à l'Associated Press en 2004, Khieu
Samphan avait raconté qu'il avait connu Jacques Vergès quand il
était étudiant en France dans les années 50. Il a confié que tous
deux avaient participé à des mouvements étudiants contre la guerre
d'Algérie et la guerre du Vietnam.



Say Bory, ancien président de l'association du barreau cambodgien
et membre du conseil constitutionnel du pays sera l'avocat
cambodgien de Khieu Samphan. Il est actuellement conseiller
juridique de l'ancien roi Norodom Sihanouk, selon le communiqué du
tribunal.



L'arrestation de Khieu Samphan était largement attendue. Le
tribunal a déjà fait arrêter quatre de ses anciens collègues pour
répondre des atrocités commises par le régime khmer rouge entre
1975 et 1979 et qui a coûté la vie selon les estimations à environ
1,7 million de Cambodgiens.

Cinq mises en examen

Le 12 novembre dernier, l'ancien ministre khmer rouge des
Affaires étrangères Ieng Sary, 77 ans, et sa femme Ieng Thirit, 75
ans, qui fut ministre des Affaires sociales, avaient été arrêtés à
Phnom Penh par la police cambodgienne. Sous le coup d'un mandat
d'arrêt pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre, ils ont
été déférés devant le tribunal chargé de juger les responsables du
génocide perpétré dans les années 70.



Ieng Sary, de son vrai nom Kim Trang, était membre du premier
cercle khmer rouge. Pol Pot, le "frère numéro un", est décédé en
1998 et son chef militaire Ta Mok est mort en détention en 2006.
Ieng Sary, qui était, lui, le "frère numéro trois", avait fait
défection en 1996 et été amnistié de sa condamnation à mort par
contumace.



L'ancien numéro deux du régime, Nuon Chea, ainsi que Kain Guek,
surnommé "Duch", qui dirigeait le centre de tortures S21, ont été
inculpé en septembre au Cambodge de "crimes contre l'humanité" et
"crimes de guerre".



ap/kot/sun

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Deux millions de morts

Quelques deux millions de personnes auraient trouvé la mort sous le régime des Khmers rouges qui, au nom d'une idéologie mêlant maoïsme et nationalisme, a fait régner la terreur il y a trois décennies au Cambodge.

Le régime avait vidé les villes au profit des campagnes, imposé le travail forcé et éliminé systématiquement tout opposant.

Le numéro un des Khmers rouges, Pol Pot, est décédé en 1998 sans avoir été jugé.

Khieu Samphan soutient qu'il n'a joué aucun rôle dans les atrocités des années 1970 au Cambodge.

Dans un livre paru en 2004, cet intellectuel a demandé à ses compatriotes qui ont perdu des êtres chers de "bien vouloir pardonner" sa "naïveté".

Un tribunal spécial mis sur pied

Le tribunal chargé de juger les anciens dirigeants khmers rouges a été mis sur pied l'an dernier après sept années de difficiles négociations entre l'ONU et le gouvernement cambodgien.

Le Premier ministre Hun Sen a été accusé de faire intentionnellement obstacle à sa création pour ne pas embarrasser les ex-Khmers rouges qui soutiennent aujourd'hui son gouvernement.

Avec un budget limité de 56,3 millions de dollars (42 millions d'euros) sur trois ans, les procès devraient débuter l'année prochaine.