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Liban: vive tension au sommet de l'Etat

Jeudi, Beyrouth fêtait le 64e anniversaire de son indépendance
Jeudi, Beyrouth fêtait le 64e anniversaire de son indépendance
Le président libanais sortant Emile Lahoud a décidé de confier la sécurité du pays à l'armée, à quelques heures de la fin de son mandat. Le gouvernement de Fouad Siniora a rejeté cette décision, qualifiée de "non valable".

Un haut responsable de la sécurité a déclaré que l'annonce du
président sortant "équivalait à déclarer l'état d'urgence", mais
que le président n'était "pas habilité à prendre cette
décision".

La décision "n'a aucune valeur constitutionnelle et de ce fait
elle est nulle et non avenue", a affirmé un responsable du bureau
du Premier ministre Fouad Siniora sous couvert de l'anonymat. Ce
responsable a précisé qu'une telle décision ne pouvait émaner que
du Conseil des ministres conformément à la Constitution.

Boycottage de l'opposition

Peu auparavant, la séance consacrée à l'élection d'un successeur
au président libanais Emile Lahoud, dont le mandat expire à minuit,
a été reportée de quelques jours. L'opposition prosyrienne voulait
boycotter la séance pour que le quorum ne soit pas atteint.



"La séance a été reportée à vendredi prochain, le 30 novembre,
pour permettre plus de discussions et afin de parvenir à un accord"
sur le futur président, a affirmé à la presse le porte-parole du
Parlement Mohammed Ballout, lisant un communiqué officiel du bureau
de l'un des ténors de l'opposition soutenue par Damas et
Téhéran.



La coalition au pouvoir au Liban a averti Emile Lahoud, issu du
camp prosyrien, qu'il devrait quitter le palais présidentiel dès
l'expiration de son mandat vendredi à minuit, sous peine de
poursuites judiciaires. Le cabinet d'Emile Lahoud a annoncé que le
président sortant quitterait effectivement ses fonctions. En vertu
de la Constitution, les prérogatives du chef de l'Etat sont
automatiquement transmises au gouvernement de Fouad Siniora.

Sécurité renforcée

Des milliers de soldats et de policiers libanais, appuyés par
des véhicules blindés, s'étaient déployés dans les rues de Beyrouth
vendredi. La présence des forces de sécurité était particulièrement
visible dans les rues qui conduisent au parlement.



La sécurité a également été renforcée autour des bâtiments publics
et de l'hôtel où résident depuis deux mois sous haute protection
des dizaines de députés antisyriens. Des barrages ont en outre été
établis à plusieurs carrefours de la capitale. En trois ans, huit
hommes politiques ou journalistes antisyriens ont péri dans des
attentats au Liban.



Par ailleurs, la circulation automobile était moins intense qu'à
l'ordinaire dans la capitale libanaise, avec juste quelques
embouteillages près du centre-ville où les véhicules étaient
fouillés par l'armée. La plupart des écoles et des universités de
Beyrouth sont restées fermées. Les boutiques et les banques en
revanche ont ouvert malgré la faible affluence des clients.



agences/bri/kot

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Menaces vaines

La majorité parlementaire antisyrienne, par la voix du député Elie Aoun, avait demandé à "tous les députés" de se rendre vendredi au Parlement pour participer à l'élection du successeur du prosyrien Emile Lahoud.

Le Hezbollah chiite, qui mène l'opposition soutenue par Damas et Téhéran, avait estimé que cet appel allait "contre le consensus". Et "toute mesure hors du consensus est vouée à un échec total", avait-t-il ajouté.

Le camp antisyrien avait évoqué l'éventualité, en l'absence d'accord, d'une élection à la majorité simple par les 68 députés (sur 127) dont il dispose. L'opposition agitait elle la menace d'un gouvernement parallèle.

La tenue même de cette séance parlementaire ne semblait déjà au départ pas acquise. Il s'agit du cinquième report en deux mois de cette session.

Guerre civile redoutée

Cette impasse politique a réveillé les pires craintes. "Le Liban
est très proche d'une guerre civile. Si les Libanais ne s'accordent
pas rapidement sur le choix de leur prochain président, je
m'attends à une catastrophe", a affirmé le vice-ministre des
Affaires étrangères iranien Abbas Araghchi, dans un entretien au
journal français Le Monde.