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En Mongolie-Intérieure, Pékin joue à nouveau la carte de l'assimilation culturelle

Des manifestants mongoles protestent à Oulan-Bator, Mongolie, devant le ministère des affaires étrangères, pour dénoncer la politique chinoise scolaire dans la région autonome chinoise de Mongolie-Intérieure. [Reuters - Anand Tumurtogoo]
Des manifestants mongoles protestent à Oulan-Bator, Mongolie, devant le ministère des affaires étrangères, pour dénoncer la politique chinoise scolaire dans la région autonome chinoise de Mongolie-Intérieure. - [Reuters - Anand Tumurtogoo]
Depuis un peu plus d'une semaine, la colère gronde dans la région autonome chinoise de Mongolie-Intérieure. En cause, la mise en place d'un système bilingue mandarin-mongole pour les derniers établissements scolaires qui enseignaient encore exclusivement dans cette langue locale. De nombreux manifestants dénoncent une assimilation culturelle forcée.

Ce nouveau programme d'éducation bilingue, annoncé quelques jours seulement avant sa mise en place, a provoqué de fortes résistances dans cette région du nord de la Chine. Des milliers d'enseignants, d'étudiants et de parents ont signé des pétitions qui ont été brièvement relayées sur les réseaux sociaux, avant d'être censurées.

Le programme est largement perçu comme une énième tentative du gouvernement chinois d'affaiblir l'identité culturelle d'un groupe ethnique minoritaire, après des actions similaires mises en place dans les régions du Xinjiang et du Tibet.

Manifestations et répression

Plusieurs milliers de membres de l'ethnie mongole, étudiants, parents mais aussi enseignants, ont défié l'autorité de Pékin en organisant manifestations et boycotts des écoles.

La réaction du pouvoir central ne s'est pas fait attendre. Cette semaine, à Hohhot, la capitale de la région autonome, de nombreux véhicules de police et agents en uniforme étaient visibles aux alentours des écoles, afin de stopper la contestation.

Selon plusieurs habitants, des élèves ont été forcés de réintégrer leurs classes sous peine de voir leurs parents perdre leur emploi.  Un policier de la région interrogé par le Los Angeles Times, et requérant l'anonymat par peur de représailles, a expliqué au média américain que de nombreuses personnes étaient également arrêtées, et que plusieurs fois par jour, il recevait des ordres pour aller visiter des familles afin de leur faire signer une déclaration les obligeant à promettre de ne plus s'opposer à la nouvelle loi.

Jeudi, la police chinoise allait même jusqu'à offrir une récompense de 1000 yuans (124 euros) pour toute information permettant la capture de plus d'une centaine de personnes soupçonnées d'avoir manifesté pour la défense de la langue mongole.

Forcer l'assimilation à la culture Han

L'ethnie mongole, qui ne représente désormais plus que 18% de la population en Mongolie-Intérieure, a souvent été perçue en Chine comme un groupe minoritaire modèle, coexistant de manière pacifique avec la majorité Han, bien qu'il ait aussi été victime de la répression de Mao Zedong durant la révolution culturelle des années 1960.

La langue mongole a jusqu'à présent été davantage épargnée que le ouïghour, le tibétain ou encore le kazakh, qui ont connu la brutale entrée du mandarin au début des années 2000.

Mais Xi Jinping semble bien vouloir rebattre les cartes dans son approche des groupes ethniques, en favorisant bien plus que ses prédécesseurs, l'assimilation à la culture Han, ethnie majoritaire représentant 91% de la population de Chine continentale.

Renforcer la loyauté au parti et le nationalisme

L'attitude du Parti communiste chinois apparaît sans doute encore plus implacable à la lumière des chiffres qui informent sur le nombre d'écoles de Mongolie-Intérieure qui enseignent encore uniquement dans la langue de la région.

En effet, selon Christopher Atwood, expert de la Mongolie à l'Université de Pennylvanie, le nombre de ces établissements est passé de 60% à 30% au cours des 30 dernières année.

Mais les particularismes locaux, aussi petits soient-ils, semblent faire obstacle à la volonté nationaliste que souhaite insuffler Xi Jinping à la Chine.

Sur les réseaux sociaux chinois, les publications en lien avec ces troubles ont été très vite effacées par l'organe de censure. Désormais, des recherches avec le mot clé "Mongolie-Intérieure" ne font plus qu'apparaître le discours lisse des médias étatiques: On se félicite alors de ce nouveau programme, et les enfants mongols apparaissent eux-aussi ravis et tout sourire, sans doute impatients de débuter cette nouvelle expérience scolaire.

ther

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