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Tension en Birmanie: la junte sort du bois

Deux importantes manifestations en deux jours pour les bonzes
Deux importantes manifestations en deux jours pour les bonzes
Alors que 100'000 Birmans, dont 30'000 bonzes, ont à nouveau défilé dans le calme mardi à Rangoon, la junte militaire a déployé des centaines d'agents armés pour mettre fin au mouvement et le couvre-feu a été décrété.

A la tête des plus grosses manifestations anti-gouvernementales
depuis près de 20 ans, des moines bouddhistes en robe safran ont
fait fi des menaces d'intervention du régime militaire, tenant des
pancartes et des images de Bouddha. La contestation a maintenant
gagné tout le pays.

Un couvre-feu a été décrété de 21h à 5h dans les villes de
Rangoon et Mandalay, ont rapporté mardi des habitants. La junte
militaire birmane a également interdit tout rassemblement de plus
de cinq personnes. Ces mesures seront appliquées pendant 60
jours.

Militaires dans la rue

Au lendemain d'une manifestation monstre de 100'000 personnes
emmenées par les bonzes, des véhicules militaires se sont
positionnés dans les rues de Rangoon, annonçant que les moines
avaient reçu l'ordre de ne pas se mêler de "politique" et affirmant
que certains éléments essayaient de troubler le pays.



Le quotidien pro-gouvernemental "New Light of Myanmar" a cité des
propos du ministre de la Religion selon lesquels les manifestations
des moines avaient gagné toutes les grandes villes du pays et même
certaines autres plus petites sur tout le territoire.

L'inquiétude du régime militaire

La junte militaire birmane sort ainsi de son silence, inquiète
de la tournure que prend le mouvement qui, de marginal s'est
transformé en une semaine en contestation massive, fédérant non
seulement les moines, mais également quantité de Birmans de tous
horizons.



Le chef de Sangha, l'organisation bouddhiste officielle du pays, a
diffusé une directive lundi, ordonnant aux moines de se contenter
de pratiquer et de propager la foi. De jeunes moines ont été
"forcés de violer la loi par des éléments destructeurs internes et
externes", a-t-il déclaré selon le quotidien "New Light of
Myanmar".

Aung San Suu Kyi surveillée

Cité par le journal, le ministre de la Religion a affirmé que
ces agitateurs comptaient dans leurs rangs des membres de la Ligue
nationale pour la démocratie de l'opposante Aung San Suu Kyi et des
anciens militants du Parti communiste birman, relayés par quelques
radios étrangères.



La Prix Nobel de la paix est de son côté toujours en résidence
surveillée, a indiqué mardi une source policière, démentant des
informations de presse selon lesquelles elle aurait été transférée
en prison.



agences/hof/boi

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La junte sous pression

George W.Bush a annoncé mardi devant l'Assemblée générale de l'ONU que les Etats-Unis allaient renforcer les sanctions économiques contre les responsables birmans et exhorté les autres pays à faire pression sur la junte militaire.

"Les Américains sont indignés par la situation en Birmanie", a déclaré G.W.Bush à la tribune de l'ONU accusant la junte d'avoir imposé "19 ans de règne de la terreur".

De son côté, l'Union européenne "espère que le régime saisira cette occasion pour lancer un processus de véritables réformes politiques".

Le dalaï lama, autorité morale du bouddhisme, a apporté son "plein soutien" aux moines et appelé la junte à ne pas faire usage de la force.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé la junte à faire preuve de "retenue".

La Birmanie est sous le coup de sanctions américaines depuis que le président Bill Clinton a décidé d'y interdire les investissements américains en mai 1997.

La Birmanie, gouvernée par des juntes successives depuis 1962, est le théâtre de manifestations qui constituent le plus sérieux défi aux militaires depuis la répression meurtrière du mouvement en faveur de la démocratie en 1988.

La réaction suisse

La Suisse exhorte les autorités birmanes à la "plus grande modération" et au dialogue. Elle voit dans les actuelles mouvements populaires une "chance pour le développement du pays".

Berne appelle le gouvernement birman "à choisir la voie du dialogue et des réformes démocratiques pour prendre en compte les demandes de la population", a indiqué mardi le DFAE.