Devant les délégués des 192 Etats membres de l'ONU, George
W.Bush a distribué les bons et les mauvais points, s'en prenant
durement aux gouvernements de Birmanie ou du Zimbabwe, mais se
contentant d'une brève évocation du régime iranien.
Le président américain a exalté la coopération et ne s'est pas
étendu sur l'Irak, la grande affaire de sa présidence. Il a associé
l'Irak, l'Afghanistan et le Liban dans un même combat pour la
démocratie et contre l'extrémisme et le terrorisme.
Bush refuse l'affrontement
Le locataire de la Maison Blanche a refusé l'affrontement verbal
avec M.Ahmadinejad, se bornant à citer l'Iran avec le Belarus, la
Corée du Nord et la Syrie parmi les "régimes brutaux qui dénient à
leur peuple les droits fondamentaux".
G.W.Bush a aussi annoncé de nouvelles sanctions économiques contre
la junte militaire qui impose le "règne de la peur" en Birmanie.
"Nous ne délivrerons aucun visa à ceux qui sont responsables des
plus graves violations des droits de l'homme", a-t-il ajouté.
Le président américain a aussi appelé à la liberté de parole à
Cuba, au moment où le pays entre dans une période de transition et
a critiqué le régime du président Mugabe au Zimbabwe, "une
agression contre son propre peuple". Enfin, G.W.Bush a pressé l'ONU
de déployer "rapidement" une force de maintien de la paix au
Darfour.
Washington en point de mire
Le leader iranien Mahmoud Ahmadinejad, dont le discours était
très attendu, a jugé mardi que les pays occidentaux faisaient tout
pour politiser la question du nucléaire iranien (lire
encadré).
"Mais aujourd'hui, du fait de la résistance de la nation
iranienne, la question est renvoyée à l'agence (AIEA), et j'annonce
officiellement qu'à nos yeux, le dossier nucléaire de l'Iran est
désormais clos et est devenu une question ordinaire relevant de
l'agence". "Bien sûr, l'Iran a toujours été et sera prêt à avoir
des discussions constructives avec toutes les parties", a-t-il
ajouté.
Israël pas oublié non plus
Dans son long discours, Ahmadinejad s'en est également pris à la
politique menée par le "régime sioniste illégal" (Israël) envers
les Palestiniens, ainsi qu'à la présence militaire américaine en
Irak. "Les occupants n'ont même pas le courage de reconnaître leur
défaite et de quitter l'Irak".
Le président iranien a dit attendre avec impatience le moment où
"La Palestine et l'Irak seront libérés", où les puissances "en
finiront avec leur arrogance et leur soumission à Satan" et où
"L'arôme agréable de la justice se répandra à travers le
monde".
Pas de violations des droits de l'homme en Iran
Ahmadinejad a riposté en outre à des accusations du président
américain George Bush sur les violations des droits de l'homme en
Iran. Faisant sans ambiguïté allusion aux Etats-Unis, il a affirmé
que les droits de l'homme étaient violés par "certaines puissances"
coupables d'avoir "mis sur pied des prisons secrètes, d'avoir
enlevé des personnes, d'avoir organisé des procès et infligé en
secret des châtiments, au mépris des procédures en vigueur".
Sarkozy critique l'Iran
De son côté, Nicolas Sarkozy a tiré à boulets rouges sur l'Iran.
Le président français a déclaré que laisser l'Iran se doter de
l'arme nucléaire reviendrait à faire "courir un risque inacceptable
à la stabilité de la région et du monde" "L'Iran a droit à
l'énergie nucléaire à des fins civiles", a-t-il ajouté.
Nicolas Sarkozy a également plaidé pour un "New Deal planétaire en
matière d'économie et d'écologie", jugeant que la communauté
internationale n'a "plus le temps d'attendre".
Enfin, Ban Ki-moon a conclu son discours d'ouverture, en affirmant
en français que "le multilatéralisme est de retour" et qu'un "monde
de plus en plus interdépendant reconnaît que l'ONU représente le
meilleur moyen, en fait le seul moyen, de relever les défis de
l'avenir". Le secrétaire général de l'ONU a en outre appelé à une
paix durable au Proche-Orient.
agences/boi
Nucléaire iranien: ce qu'en dit Ahmadinejad
C'est évidemment le discours du président iranien Mahmoud Ahmadinejad qui était le plus attendu mardi à New York.
Le président iranien a déclaré mardi à la tribune des Nations unies que le dossier des ambitions nucléaires de son pays était "clos" et que la question devait désormais être traitée par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
"La totalité de nos activités nucléaires ont été totalement pacifiques et transparentes", a-t-il dit, accusant les puissances occidentales de vouloir priver l'Iran de son droit à l'énergie nucléaire.
En dépit des menaces militaires et des sanctions qu'il a qualifiées d'"illégales", la république islamique, a-t-il poursuivi, "a progressé étape par étape".
"Aujourd'hui, notre pays est reconnu comme un pays disposant de la capacité de produire à une échelle industrielle et de maîtriser le cycle des combustibles pour un usage pacifique."
L'Iran s'est entendu le 21 août avec l'AIEA pour faire connaître l'étendue de son programme atomique, lequel, insiste Téhéran, vise à maîtriser la technologie pour produire de l'électricité, alors même que les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, pensent que l'Iran cherche à fabriquer des armes nucléaires.
L'accord conclu avec l'AIEA permet à l'Iran de régler les questions l'une après l'autre durant une période qui, dit l'agence onusienne, court jusqu'à décembre, alors même que les Iraniens ajoutent des centrifugeuses à leur usine d'enrichissement de Natanz, se rapprochant des 3.000 nécessaires pour commencer à produire des quantités utilisables de combustible nucléaire.
Dans une interview accordée lundi à Reuters, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, déclarait que par le passé, Ahmadinejad avait exagéré l'ampleur des progrès réalisés par l'Iran dans les domaines de l'enrichissement et du retraitement du combustible nucléaire.
Une force en Afrique centrale
Le Conseil de sécurité de l'ONU a approuvé mardi le déploiement d'une force mixte ONU-UE dans l'est du Tchad et le nord-est du Centrafrique pour protéger les civils touchés par le conflit au Darfour.
Dans une résolution rédigée par la France et adoptée à l'unanimité, le Conseil a autorisé ce déploiement pour une durée d'une année.
L'ONU devrait fournir 300 policiers qui devront former quelque 350 policiers tchadiens chargés des camps de réfugiés.