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Huit peines de prison prononcées dans l'Affaire Jamal Khashoggi

Le journaliste Jamal Khashoggi a été assassiné le 2 octobre 2018 au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul. [Virginia Mayo - Keystone/AP Photo]
Un tribunal de Ryad a annulé les peines capitales prononcées pour le meurtre de Jamal Khashoggi / La Matinale / 1 min. / le 8 septembre 2020
Un tribunal saoudien a annulé, dans un verdict final, les cinq peines capitales prononcées pour le meurtre du journaliste critique du pouvoir Jamal Khashoggi. Il a condamné huit accusés à des peines allant de sept à 20 ans de prison, selon l'agence officielle SPA.

"Cinq prévenus ont été condamnés à 20 ans de prison et trois autres à des peines allant de 7 à 10 ans de prison", a indiqué l'agence de presse, citant les services du procureur général.

Ce jugement, qualifié de verdict final, intervient après que les fils de Jamal Khashoggi ont annoncé en mai "avoir pardonné" à ses tueurs. Les personnes condamnées n'ont pas été identifiées.

Critique du régime

Collaborateur du Washington Post et critique du régime saoudien après en avoir été proche, Jamal Khashoggi a été assassiné et son corps découpé en morceaux en octobre 2018 dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul où il s'était rendu pour récupérer un document.

Il était âgé de 59 ans au moment de sa mort et ses restes n'ont jamais été retrouvés. Ce meurtre a plongé l'Arabie saoudite dans l'une de ses pires crises diplomatiques et terni l'image du prince héritier Mohammed ben Salmane, dit "MBS", désigné par des responsables turcs et américains comme le commanditaire du meurtre.

Après avoir nié l'assassinat, puis avancé plusieurs versions des faits, Ryad a affirmé qu'il avait été commis par des agents saoudiens qui auraient agi seuls et sans recevoir d'ordres de leurs dirigeants.

Un procès opaque

La justice saoudienne s'est elle-même saisie de l'affaire. A l'issue d'un procès opaque, cinq Saoudiens avaient été condamnés à mort et trois autres à des peines de prison pour l'assassinat, sur un total de 11 personnes inculpées. Les trois autres avaient été "blanchies".

Ce verdict prononcé en décembre dernier avait été critiqué par les organisations internationales de défense des droits humains.

La justice turque a commencé début juillet à juger par contumace 20 Saoudiens, dont deux proches du prince héritier, l'ex-conseiller Saoud al-Qahtani et l'ancien numéro deux du renseignement, le général Ahmed al-Assiri, identifiés comme les commanditaires du meurtre.

Le premier a fait l'objet d'une enquête en Arabie saoudite mais n'a pas été inculpé "en raison de preuves insuffisantes" et le second, mis en accusation, a été acquitté pour les mêmes motifs, selon le parquet saoudien. Les deux hommes ont été officiellement évincés du cercle politique du prince hériter.

ats/ther

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Un procès décrit comme "une parodie de justice"

"Le procureur saoudien a joué un nouvel acte dans cette parodie de justice", a réagi sur Twitter la rapporteure spéciale de l'ONU sur les exécutions sommaires, Agnès Callamard, selon qui "ces verdicts n'ont aucune légitimité juridique ou morale".

La fiancée turque de Jamal Khashoggi, Hatice Cengiz, les a elle qualifiés de "farce": "Les autorités saoudiennes ont clos ce dossier sans que le monde sache la vérité sur qui est responsable du meurtre de Jamal."

Reporters sans frontières (RSF) a également dénoncé ce verdict. "Ce procès sans public ni journalistes n'a pas permis de connaître la vérité et de comprendre ce qui s'est passé le 2 octobre 2018 au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul et qui avait donné préalablement l'ordre de commettre ce crime d'Etat", a déclaré le secrétaire général de l'ONG, Christophe Deloire.

Depuis le début de la procédure judiciaire en Arabie saoudite, il n'y a eu "que des tentatives répétées de dissimulation", a déclaré à l'AFP Ines Osman, directrice de MENA, une ONG de défense des droits humains basée à Genève.