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Birmanie: les autorités quadrillent Rangoon

La police birmane a à nouveau tiré sur la foule à Rangoon
La police birmane a à nouveau tiré sur la foule à Rangoon
La police et l'armée quadrillaient Rangoon vendredi et la plupart des magasins sont restés fermés dans la capitale birmane, où le bilan de la répression se monte à 13 morts. L'émissaire de l'ONU se rendra sur place samedi.

Selon la télévision officielle, contrôlée par la junte, onze
manifestants, dont une femme, et 31 membres des forces de sécurité
ont également été blessés jeudi, au lendemain des heurts qui
avaient déjà fait 4 morts.

Malgré l'interdiction de tout rassemblement, des milliers de
manifestants ont convergé vers le centre de Rangoon, notamment le
quartier de la pagode Sule. Ils ont fait face à des policiers
anti-émeute et des soldats qui ont ouvert le feu. "Les
protestataires ont lancé des briques et des couteaux en direction
des forces de sécurité. Sourd aux appels de la communauté
internationale, celles-ci ont été obligées de procéder à des tirs
de sommation", a de son côté affirmé la TV officielle.

Un Japonais tué

La mort d'un vidéo-journaliste japonais de 50 ans a été
confirmée. Il s'agit du premier décès d'un ressortissant étranger
au cours des troubles. La télévision d'Etat a affirmé que le
Japonais était en possession d'une caméra vidéo et souligné qu'il
était entré en Birmanie avec un visa de touriste.



La foule était nettement dominée par des jeunes, ont indiqué des
témoins. Ils ont lancé des slogans liés au héros de l'indépendance,
le général Aung San, père de l'opposante Aung San Suu Kyi,
maintenue en isolement dans sa résidence depuis 2003.



Finalement, ils ont été dispersés après des tirs de sommation et
un ultimatum très ferme. "Nous vous donnons 10 minutes. Si vous ne
partez pas, nous prendrons des mesures extrêmes", ont crié par
haut-parleur des soldats.

Nombreuses arrestations

Les forces de sécurité avaient auparavant tiré en l'air, alors
que selon certaines estimations la foule atteignait 70'000
personnes. Au moins cent manifestants ont été arrêtés sur place et
forcés à monter à bord de camions militaires, alors que d'autres
sont parvenus à s'enfuir. Les religieux ont reçu le soutien
d'habitants qui ont tenté de s'interposer.



De nombreux bonzes ont été interpellés dans leurs monastères et
conduits en dehors de la ville, vers une destination inconnue, dans
le but évident de les empêcher de participer aux défilés. Des
témoins ont relaté avoir vu au moins six camions chargés de
moines.

Les forces de sécurité birmanes ont par
ailleurs arrêté deux hauts responsables du parti de Aung San Suu
Kyi dans la nuit de mercredi à jeudi à Rangoon, selon des cadres de
cette formation.

La junte accuse

La junte birmane a accusé les médias étrangers de diffuser des
mensonges pour attiser les tensions. "Certains médias occidentaux
et anti-gouvernementaux diffusent des informations dénaturées pour
provoquer de nouvelles manifestations", écrit le quotidien officiel
"Nouvelle Lumière du Myanmar".



Le journal gouvernemental publie jeudi en "une" un article sur la
nouvelle lune et n'évoque qu'en dernière page les manifestations de
mercredi, accusant les protestataires de s'en être pris à la
police. Le quotidien précise que les affrontements ont fait un mort
et trois blessés parmi les manifestants, huit blessés chez les
policiers. Les principaux médias officiels chinois ont aussi passé
sous silence la répression des manifestations.



agences/hof/boi

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Sanctions américaines

Le gouvernement américain a annoncé en soirée des sanctions économiques contre quatorze hauts responsables birmans, pour protester contre l'usage de la force contre les manifestations dans ce pays.

Cette décision entraîne le gel de tous les biens sous juridiction américaine de ces personnes. De plus, les ressortissants américains se voient interdire toute opération commerciale avec les personnes visées.

En matinée, à l'issue d'une réunion en urgence, le Conseil de sécurité des Nations unies n'avait pourtant pas pu se mettre d'accord sur des décisions quant à une éventuelle condamnation.

L'ONU a de son côté affirmé avoir reçu la confirmation que son émissaire spécial pour la Birmanie, Ibrahim Gambari, "sera le bienvenu" dans ce pays. Il s'est vu accorder un visa pour se rendre à Rangoon.

L'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) a exprimé jeudi sa "révulsion" et exigé que la junte birmane "cesse immédiatement" d'utiliser la violence contre les manifestants pro-démocratie.

Par ailleurs, pour la première fois, la Chine a appelé à la retenue toutes les parties.

L'organisation Amnesty International s'est elle inquiétée des risques graves de torture et de mauvais traitements qui pèsent sur ces personnes et d'autres détenus".

Manifestation à Genève

Une cinquantaine de personnes ont protesté jeudi devant l'ambassade de Birmanie auprès de l'ONU à Genève contre la répression des manifestations pacifiques en Birmanie. Les stores de l'ambassade sont restés baissés durant la manifestation.

"Non à la violence contre des manifestants pacifiques" ou "Libérez Aung San Suu Kyi" affirmaient banderoles et pancartes rouges et jaunes brandies par les manifestants qui répondaient à l'appel d'Amnesty international et de l'association Suisse-Birmanie.

Un rassemblement du même type a réuni 200 personnes à l'ambassade birmane à Paris et à Londres.

La Suisse a en outre exprimé jeudi sa consternation à la suite des événements en Birmanie. Devant le Conseil des droits de l'homme, elle a demandé aux autorités de Rangoon de cesser tout acte de violence à l'encontre des manifestants pacifiques et de coopérer pleinement avec les mécanismes de l'ONU.