Les deux journalistes ont atterri libres à Sydney mardi matin après s'être réfugiés plusieurs jours dans les représentations diplomatiques de leur pays.
Ces départs précipités surviennent après l'arrestation, le mois dernier pour un motif encore indéterminé, de Cheng Lei, une journaliste économique australienne, employée par la chaîne de télévision d'Etat chinoise de langue anglaise CGTN. Une arrestation qualifiée d'arbitraire par Canberra.
Convoqués pour un interrogatoire
La semaine dernière, le ministère australien des Affaires étrangères a conseillé à Bill Birtles et à Michael Smith de quitter au plus vite la Chine. Suivant ces recommandations, tous deux avaient prévu de décoller jeudi avant de se voir signifier une interdiction de sortie du territoire par les autorités chinoises.
Convoqués pour un interrogatoire relatif à une affaire de sécurité nationale, un motif régulièrement utilisé pour justifier la détention de ressortissants étrangers, les journalistes se sont immédiatement réfugiés dans les locaux diplomatiques de leur pays.
A la suite d'un bras-de-fer diplomatique de plusieurs jours, ils ont finalement pu s'envoler lundi soir.
Forte dégradation des relations sino-australiennes
Cet incident s'inscrit dans un contexte de forte dégradation des relations sino-australiennes. Partenaires économiques privilégiés, les tensions sont apparues il y a deux ans avec la révélation d'ingérences répétées de Pékin dans les affaires politiques australienne, par le biais de financement d'institutions et d'élus.
La situation a cependant gravement empiré mi-avril, lorsque Canberra a exigé une enquête indépendante sur les origines du Covid-19, apparu à Wuhan, dans le centre de la Chine. Un sujet épineux pour Pékin au moment où le Parti communiste multipliait ses efforts domestiques et internationaux pour faire oublier sa gestion au début de la crise sanitaire.
Sanctions chinoises
Cet appel de l'Australie a suscité la fureur des autorités chinoises et Pékin a multiplié les mesures punitives à l'encontre du pays-continent: boycott des universités australiennes par les étudiants chinois, taxes commerciales sur les produits agricoles et le vin australiens…
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Le mois dernier, plusieurs experts ont vu dans l'arrestation de la journaliste australienne Cheng Lei une intensification des représailles. La Chine est en effet accusée de pratiquer une "diplomatie des otages" à l'égard de certains de ses rivaux.
Deux Canadiens aussi victimes de "diplomatie des otages"
Hormis l'arrestation de ressortissants australiens, le Parti communiste détient également deux citoyens canadiens. Michael Koverig, ancien diplomate, et Michael Spavor, homme d'affaires, sont détenus depuis plus d'un an. Leur interpellation soudaine a eu lieu dans le sillage de l'arrestation au Canada de la directrice financière de Huawei.
Meng Wanzhou, fille du fondateur du géant chinois des télécoms, est détenue à Vancouver pour fraude et violations des sanctions internationales à l'encontre de l'Iran et de la Corée du Nord. Elle fait l'objet d'une procédure d'extradition vers les Etats-Unis. Pékin a, à plusieurs reprises, exigé sa libération sans condition, faisant miroiter une libération réciproque des deux Canadiens emprisonnés en Chine.
Bill Birtles et Michael Smith ont peut-être donc évité le même sort. La ministre australienne des Affaires étrangères Marise Payne s'est pour sa part dite "profondément déçue de voir deux journalistes forcés de prendre ainsi la fuite".
Interrogé au sujet de cette affaire et la "diplomatie des otages", le ministère chinois des Affaires étrangères s'est contenté de déclarer que "tant que les journalistes étrangers respectent la loi […] ils n'ont aucune raison de s'inquiéter".
Michael Peuker/ebz