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Birmanie: peut-être de nombreuses victimes

Au 3e jour de la répression, l'armée birmane est omniprésente
Au 3e jour de la répression, l'armée birmane est omniprésente
La répression en Birmanie pourrait avoir fait plus de morts qu'annoncé officiellement, selon certaines sources. Vendredi, l'armée a pris position dans les monastères bouddhistes de Rangoon tandis que les l'accès à internet était coupé.

Au moins 13 personnes ont été tuées en trois jours de violente
répression dans les principales villes de Birmanie, dont un
journaliste de télévision japonais, mortellement touché jeudi
lorsque les soldats ont tiré sur la foule des manifestants qui
réclament la fin de 45 ans de dictature militaire.

Mais ce bilan officiel pourrait en fait être plus lourd.
Plusieurs voix, et en premier lieu celle du Premier ministre
britannique Gordon Brown, se sont élevées vendredi pour affirmer
que le nombre de personnes tuées lors des récentes manifestations
dans ce pays était bien plus élevé que le chiffre officiellement
avancé par le régime birman. Et selon des groupes birmans en exil
aussi, le nombre de morts pourrait encore augmenter.

Intensification

L'intervention de l'armée vise à neutraliser les moines qui ont
pris la tête de manifestations anti-gouvernementales de masse
depuis plus d'une dizaine de jours. L'inquiétude grandit dans le
pays à propos de la répression qui pourrait désormais s'intensifier
à l'encontre des civils.



Selon des résidents, il semble que le gouvernement ait coupé tous
les accès publics à Internet. Le web a joué un rôle crucial
(voir encadré) dans la médiatisation des
manifestations contre les autorités birmanes dans le monde
entier.

Manifestations dispersées

Vendredi, soldats et policiers anti-émeutes ont rapidement
dispersé 300 personnes qui s'étaient rassemblées à Rangoon. Ils ont
aussi effectué des tirs de sommation pour disperser une autre
manifestation de 2000 personnes. La junte militaire birmane a
déclaré "no-go zone" les environs de cinq monastères, afin
d'endiguer la vague de protestation anti-gouvernementale, ont
rapporté des diplomates. Des centaines de personnes ont été
arrêtées en deux jours.



Ces manifestations sont les plus massives depuis deux décennies.
Elles ont commencé le 19 août, suite à une hausse brutale des prix
du carburant. Elles ont ensuite enflé lorsque les moines sont
sortis dans la rue pour soutenir les manifestants, la semaine
dernière.

Sanctions américaines

Du côté de la communauté internationale, les Etats-Unis ont pris
de nouvelles sanctions à l'encontre d'une douzaine de hauts
responsables birmans, dont les deux généraux à la tête de la junte
militaire. Washington a également demandé à la Chine, en tant que
principal partenaire économique et politique de la Birmanie, d'user
de son influence pour empêcher un nouveau bain de sang.



Les pays de l'Asie du sud-est ont également exprimé leur
"révulsion" et appelé la junte birmane à "exercer la plus grande
retenue et à chercher une solution politique" au conflit qui
l'oppose aux militants pro-démocratie.

Visite de l'émissaire de l'ONU

L'émissaire de l'ONU pour la Birmanie, Ibrahim Gambari, se
rendra en Birmanie samedi, a indiqué jeudi le service de presse de
l'ONU dans un communiqué. Cette visite s'effectue avec l'accord des
autorités birmanes.



"Le secrétaire général est heureux que le gouvernement de Birmanie
a accepté une visite de son émissaire spécial, Ibrahim Gambari, à
partir du 29 septembre", déclare le communiqué. Ban Ki-moon
«appelle les autorités à ouvrir un dialogue constructif avec son
émissaire et à s'engager sur la voie d'une réconciliation nationale
pacifique et sans exclusive", conclut le texte.



agences/boi/hof

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Porte sur le monde, internet a été coupé

Grâce aux nouvelles technologies de communication, les manifestations contre la junte birmane sont visibles du monde entier, contrairement à 1988, où peu d'informations avaient filtré sur la répression sanglante.

La vague de protestation de ces derniers jours ne manque pas d'analogies avec le mouvement pro-démocratique de 1988, écrasé dans le sang par les militaires, qui avait été marqué par la mort de 3000 personnes.

Comme à l'époque, ce sont des revendications d'ordre économique qui ont mis le feu aux poudres. Mais au contraire de 1988, les images et les informations provenant des téléphones portables, caméras et autres blogs qui arrivent à éviter la censure per- mettent de témoigner de la situation.

"C'est vraiment le résultat de la globalisation. Que la junte le veuille ou non, le gouvernement ne peut isoler le pays du reste du monde", a estimé en début de semaine un journaliste birman en exil en Inde.

La junte a pourtant largement réduit les accès à internet. Vendredi, tout semblait même carrément bloqué, selon des témoins.

Jusqu'à vendredi cependant, quelque 200 cafés internet fonctionnaient à Rangoon, permettant à des étudiants de transmettre des vidéos et des photographies grâce à des blogs.

"En 1988, nous n'avions aucun moyen pour alerter le monde. Personne n'avait été mis au courant des premières manifestations", se souvient un ancien protestataire.

La Birmanie est considérée comme l'un des pays du monde où la presse est le moins libre.